La voix maternelle vient de révéler des vertus insoupçonnées. En 2015, un neurologue américain montrait qu'elle permet de booster le développement cérébral chez les bébés prématurés en couveuse. Précédemment, des études ont mis en évidence que les enfants préfèrent écouter la voix de leur mère à celle d'autres femmes. Pour quelle raison ? Des zones cérébrales spécifiques sont-elles activées ? C'est ce qu'ont voulu déterminer les chercheurs de l'Université de Stanford (États-Unis). Ce sont les premiers à avoir analysé les scans de cerveaux d'enfants écoutant les voix de leur mère.
Les chercheurs ont analysé par IRM le cerveau de 24 enfants âgés de 7 à 12 ans, au quotient intellectuel supérieur à 80, ne présentant aucun trouble du développement et élevés par leur mère biologique. Ils ont demandé à leurs parents de répondre à un questionnaire pour évaluer le niveau de sociabilité de leur enfant.
Pendant l'IRM, les jeunes volontaires ont écouté des bandes sonores enregistrées par leur propre mère. Les mots prononcés n'avaient aucun sens. "Entre 7 et 12 ans, la plupart des enfants ont de bonnes compétences linguistiques, nous ne voulions donc pas utiliser des mots qui avaient un sens parce que cela aurait activé des circuits totalement différents dans le cerveau", précise Vinod Menon, principal auteur de l'étude. Les enfants ont aussi écouté le même enregistrement sonore mais provenant cette fois de mères d'enfants non inclus dans l'étude et qui n'avaient jamais rencontré aucun des jeunes volontaires.
Selon les conclusions des chercheurs, 97 % des enfants ont été capables de reconnaître la voix de leur mère en moins d’1 seconde ! Mais cela n'est pas étonnant. En revanche, les chercheurs ont été surpris de constater qu'au-delà des zones cérébrales dédiées à l'audition, d'autres étaient bien plus stimulées par la voix maternelle que par celle des autres femmes : ces régions sont celles impliquées dans les émotions (l'amygdale), dans le circuit de la récompense (voie mésolimbique et cortex préfrontal médial), dans la conscience de soi, dans la perception et la reconnaissance faciale.
"Beaucoup des processus sociaux, linguistiques et émotionnels que nous adoptons viennent de l'écoute de la voix de notre propre mère", résume Daniel Abrams, co-auteur de l'étude. Avec ses collègues, ce dernier a également constaté que les enfants qui présentaient les connexions cérébrales les plus fortes entre ces différentes régions (après stimulation par la voix maternelle) étaient ceux présentant la plus forte aisance sociale et les plus importantes capacités de communication.
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash