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La vitamine D contre l'épilepsie

Le déficit en vitamine D est fréquent parmi la population épileptique. Des données suggèrent que supplémenter ces patients peut favoriser la réduction de la fréquence des crises et améliorer certains des troubles associés à la maladie, comme la fatigue ou les troubles de l’humeur. Cependant, il n’existe aucune étude clinique ayant évalué le bénéfice d’un apport en vitamine D parmi les patients déficitaires. Étant donné les interactions qui peuvent exister entre les médicaments antiépileptiques et le métabolisme de la vitamine D, il est nécessaire de s’assurer du rapport bénéfice-risque de cette supplémentation avant de l’élargir à tous les patients épileptiques en déficit ou en carence de vitamine D.

L’étude de phase III EPI-D a été menée dans cet objectif en Île-de-France par une équipe de l’hôpital Sainte-Anne (Paris). Elle a recruté des patients de plus de 15 ans qui étaient atteints d'épilepsie focale ou généralisée pharmacorésistante et qui présentaient un taux sérique de calcitriol < 30 ng/mL. Ils ont été randomisés en double aveugle durant une période de trois mois au cours desquels le groupe expérimental recevait de la vitamine D3 orale (100 000 UI tous les 15 jours pendant 2 mois, puis 100 000 UI le 3e mois) ou un placebo durant le même rythme d’administration. La seconde phase de l’étude était ouverte et a duré 6 mois : les sujets du groupe vitamine D3 ont continué à recevoir une dose mensuelle de 100 000 UI ; les sujets sous placebo commençaient la supplémentation en vitamine D3 selon le schéma initial reçu par le groupe expérimental, suivi de trois mois à la dose mensuelle de 100 000 UI. Finalement, un suivi de 3 mois sans supplémentation était assuré pour les deux groupes. Le principal critère d'efficacité était le taux de réduction de la fréquence des crises à l’issue du traitement.

L’étude a inclus 88 patients (64 % de femmes, 38 ans d’âge moyen), atteints d’une épilepsie focale dans 93 % des cas, parmi lesquels 74 ont été traités, car ayant un taux insuffisant de calcitriol. Après les 3 premiers mois de l’étude, les taux médians de calcitriol étaient de 46,5 ng/mL dans le groupe expérimental contre 18 ng/mL dans le groupe placebo (p < 0,001). À 6 mois, le taux de calcitriol est resté normal chez 82 % des patients, mais il ne l’était que pour moins de 50 % des patients à l’issue des 12 mois. À 3 mois, la réduction de la fréquence des crises était comparable dans les deux groupes. À 12 mois, la fréquence des crises était, en revanche, réduite chez un tiers des patients des deux groupes et selon une dynamique plus précoce parmi ceux qui faisaient partie du groupe expérimental. De plus, la fréquence des crises tonico-cloniques bilatérales a diminué de 52 % à 12 mois. Mais tous ont été touchés au moins une fois par une crise au cours des 12 mois.

Il existait bien une corrélation entre le taux sérique de calcitriol et la réduction des crises dans le groupe expérimental après 9 mois de supplémentation puisque tous les patients ayant un taux cible ≥ 30 ng/mL ont obtenu une diminution de ces événements contre 60 % de ceux n’ayant pas atteint ce seuil. « Considérée comme un neurostéroïde, la vitamine D pourrait jouer un rôle dans la modulation de l'excitabilité neuronale et de la susceptibilité aux crises », rappellent les auteurs.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

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