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Le virus du rhume à l'assaut du cancer
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Un virus serait-il capable de reconnaître et d'éliminer spécifiquement des cellules cancéreuses ? Régulièrement évoquée dans les laboratoires de recherche, cette idée fait aujourd'hui son chemin à l'hôpital. Une étude récente réalisée par F. Khuri, au M.D. Anderson Cancer Center à l'université du Texas, en collaboration avec des chercheurs anglais, écossais et américains, montre en effet que le virus « tueur de tumeurs » pourrait devenir une réalité clinique. Selon leurs auteurs, ces travaux relèvent de la thérapie génique. Si les applications de la thérapie génique ont divergé, les moyens de transférer des gènes thérapeutiques ont également évolué. Dans les premiers essais, il s'agissait d'une thérapie ex vivo : les cellules prélevées chez le malade étaient modifiées en introduisant le gène d'intérêt, puis réinjectées au malade. Depuis 1997, la thérapie génique est aussi pratiquée in vivo : le gène est injecté directement chez le patient. De plus, aujourd'hui, la majorité des essais fait appel à des vecteurs viraux pour véhiculer le gène d'intérêt à l'intérieur de l'organisme. Le travail de F. Khuri et de ses collaborateurs s'inscrit dans cette perspective. Initié par une société de biotechnologie, ONYX Pharmaceuticals, il utilise un virus appelé ONYX-015. De la famille des adénovirus, celui-ci a été manipulé pour y introduire des mutations qui l'ont rendu toxique pour les tumeurs. Les patients traités par F. Khuri et ses collègues souffraient d'un cancer de la tête et du cou. Ce cancer, responsable de tumeurs très douloureuses dans le nasopharynx, la bouche et la gorge, touche environ 500 000 personnes par an dans le monde. L'ablation chirurgicale de la tumeur et la radiothérapie sont les seules inter- ventions thérapeutiques possibles, mais dans la majorité des cas, les tumeurs reviennent et sont mortelles. Un premier essai clinique d'injection d'ONYX-015 avait déçu les médecins en 1996 : même si les tumeurs régressaient, une amélioration de l'état des patients n'était observée que dans 15 % des cas (7). En revanche, la nouvelle étude montre qu'une injection d'ONYX-015, accompagnée d'une chimiothérapie classique, aboutit à un recul de plus de 50 % de la masse tumorale chez 19 patients sur 30. De plus, chez 8 patients, la régression est totale : des tumeurs de 10 cm de diamètre ont disparu. Enfin, les effets secondaires, qui ressemblent aux symptômes d'un rhume léger, ont été bien tolérés : aucun malade n'a arrêté le traitement à cause de troubles liés à la thérapie. Cette étude relève de ce qu'on appelle la phase II des essais cliniques. « Cette étude est très encourageante car c'est la première fois qu'un essai clinique de phase II fait disparaître des tumeurs sans qu'elles ne réapparaissent, souligne F Khuri. Enfin, dernier aspect, et non le moindre, de ce traitement, après l'élimination des tumeurs, le virus disparaît sans laisser de traces génétiques.
Recherche : http://www.larecherche.fr/data/335/03350181.html
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- Publié dans : Médecine
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