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Le virtuel s'attaque aux phobies
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D'abord cantonnée au domaine des jeux vidéo, avant de s'étendre à d'autres applications, comme la conception d'objets industriels ou la formation de pilotes d'avions, la réalité virtuelle fait depuis peu une percée remarquée dans le domaine médical, en particulier dans le traitement des phobies. Qu'il s'agisse de vaincre la peur du vertige, des araignées, de la foule, des espaces clos ou de soigner les séquelles d'un traumatisme (attentat, guerre...), la méthode, présentée cette semaine à Laval, à l'occasion des 7e Rencontres internationales de la réalité virtuelle, a fait la preuve de son efficacité. Directrice du Centre de réalité virtuelle de San Diego (Californie), la psychologue Brenda Wiederhold cite une étude montrant des taux de réussite de 88 % sur des patients incapables de conduire une voiture après un accident de la route et de 90 % sur des sujets (notamment des pompiers), très marqués par l'attentat du 11 septembre 2001, à New York.
Le principe consiste à immerger graduellement le malade dans un environnement virtuel correspondant à la situation génératrice de stress, jusqu'à ce qu'il parvienne à maîtriser sa peur, ses souvenirs ou ses émotions. Pas besoin d'emmener l'aérophobique en haut de la tour Eiffel pour lui apprendre à dominer son vertige, avec tous les risques que cela comporte, ou d'accompagner l'agoraphobe gare du Nord aux heures de pointe pour lui redonner goût aux bains de foule : le patient équipé d'un casque et de gants spéciaux reliés à un ordinateur est confronté aux scènes qui le traumatisent en toute sécurité sans sortir du cabinet de son psychologue qui veille sur ses réactions et le guide dans sa démarche.
Il «verra» l'araignée velue descendre du plafond suspendue à un fil, «entendra» l'explosion de la bombe placée dans la voiture piégée, «marchera» dans la rue noire de monde. Tout cela en ayant l'impression d'y être sans y être. Spécialiste des troubles cognitifs à l'université de Californie du Sud à Los Angeles, le professeur Skip Rizzo, s'est particulièrement penché sur le cas des vétérans du Vietnam et des guerres d'Irak. «Beaucoup de ces hommes souffrent de névrose post traumatique. Ils vivent dans un état de vigilance permanent, ont des flash-back, se réveillent en pleine nuit, se droguent et parfois se suicident. On estime que 20 % des SDF américains sont des anciens du Vietnam. Lorsque les soldats reviennent des combats, il faut s'occuper d'eux. Que l'on soit pour ou contre la guerre.»
Impossible là encore de ramener physiquement le patient dans une rizière du Mékong ou dans un faubourg de Bagdad. La réalité virtuelle s'en charge... «Les résultats que nous obtenons sont très encourageants mais il faut bien garder à l'esprit que cette technique n'est qu'un outil. Elle ne remplacera jamais, à elle seule, les compétences du médecin ou du psychologue», poursuit Skip Rizzo qui travaille sur la réalité virtuelle depuis une vingtaine d'années.
Très développée aux Etats-Unis, la méthode a fait des émules en Europe, notamment en Espagne et en Italie où le professeur Guiseppe Riva, de l'Université catholique de Milan, tente de l'appliquer au traitement des troubles alimentaires. Ses patientes (il s'agit en majorité de femmes) ont une mauvaise perception de leur corps. Les boulimiques, par exemple, ont souvent l'impression fausse de ne pas maigrir : la réalité virtuelle les encourage à poursuivre leur traitement.
En comparaison, la France accuse un net retard. «Dans notre pays, où l'approche psychanalytique est prépondérante, les thérapies cognitives ou comportementalistes ne sont pas vues d'un très bon oeil», constate Evelyne Klinger, ingénieur en télécommunications qui prépare actuellement une thèse sur ce sujet à l'ENST de Paris. Les expériences étrangères prouvent pourtant que la réalité virtuelle permet de traiter des sujets qui, auparavant, refusaient se soigner.
En outre, il n'y a pas que la psychothérapie. La technique est aussi employée en neurologie, par exemple, pour rééduquer les victimes d'attaques cérébrales (frapper des ballons virtuels qui passent devant les yeux) ou pour faciliter et améliorer le diagnostic. Elle permet également de réduire la douleur en «distrayant» le sujet. Des expériences ont montré que lors de prises de sang effectuées sur des enfants, les jeux de réalité virtuelles sont bien plus efficaces que la projection d'un simple dessin animé...
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- Publié dans : Neurosciences & Sciences cognitives
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