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Vingt ans après, les découvreurs du sida signent la paix des braves

Il y a pratiquement vingt ans, l'équipe du professeur Luc Montagnier de l'Institut Pasteur de Paris découvrait le virus du sida et l'annonçait dans la revue Science en mai 1983. Le professeur Robert Gallo, soutenu par la toute-puissante Administration américaine, encadré par les meilleurs experts en communication du NIH (National Health Institute), revendiquait à son tour quelques mois plus tard la découverte du virus responsable de cette maladie. La plus grande bataille scientifique du siècle commençait. Après toute une série de rebondissements, la morale a fini par être sauve et l'antériorité des Français dans cette découverte majeure a finalement été admise par tous en 1994. Aujourd'hui, les héros de cet affrontement publient chacun dans Science leur propre version des faits. Le Figaro, en partenariat avec la revue américaine, en propose ci-dessous une traduction abrégée. Ils signent même un article en commun dans lequel ils défendent ce qui, selon eux, devrait aujourd'hui constituer les priorités dans la lutte contre le sida. La hache d'une guerre qui a été impitoyable est ainsi définitivement enterrée, en même temps sans doute que nombre d'illusions et d'ambitions des deux rivaux d'autrefois. Dans leurs récits policés, les deux chercheurs ont omis d'évoquer quelques-uns des épisodes «croustillants» de l'affaire que nous rappelons ici. Tout commence en 1981, quand des médecins d'Atlanta décrivent une maladie inconnue et mortelle touchant homosexuels, toxicomanes, hémophiles et transfusés. En janvier 1983, l'équipe de Montagnier à l'Institut Pasteur parvient à isoler chez un malade un nouveau rétrovirus baptisé LAV, qu'il décrit dans Science en mai 1983. De l'autre côté de l'Atlantique, Robert Gallo est persuadé que la maladie est due à un rétrovirus de la famille déjà connue des HTLV. Les deux équipes échangent des échantillons de virus. Avec tambour et trompette, en mars 1984, et pas moins de quatre articles, Robert Gallo annonce avoir découvert le virus du sida qu'il dénomme HTLV III. Coup de théâtre en janvier 1985 : une publication démontre que le LAV et le HTLV III sont strictement identiques. Seul le virus de Gallo bénéficiera d'un brevet. L'institut Pasteur porte plainte, mais il faudra attendre 1987 pour qu'un accord intervienne. La publication en novembre 1989, dans le Chicago Tribune, d'une enquête d'un journaliste sonne comme un coup de tonnerre : le virus découvert pas Gallo n'est autre que celui de Montagnier. Escroquerie scientifique ? Accident ? Gallo, reconnaît en 1991, non sans embarras, dans une lettre publiée par la revue britannique Nature, que le virus qu'il cultivait a été contaminé par celui de Pasteur et que c'est celui-ci qu'il a finalement identifié. Dénonciations, accusations crapuleuses entre chercheurs américains. En juillet 1994, c'est la consécration définitive pour la recherche française, avec la reconnaissance par les Américains de l'antériorité de la découverte du virus par l'Institut Pasteur.

Figaro : http://www.lefigaro.fr/sciences/20021129.FIG0050.html

Science : http://www.sciencemag.org/

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