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Vers un vaccin à ARNm contre la tuberculose
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La tuberculose demeure l’une des causes majeures de mortalité dans le monde, malgré plus d'un siècle d'administration généralisée du seul vaccin approuvé contre Mycobacterium tuberculosis, le BCG (Bacillus Calmette-Guérin). En 2022, elle a repris sa position de principale cause de décès liée à un seul agent infectieux, avec environ 10,6 millions de nouveaux cas et 1,3 million de décès. En outre, environ un quart de la population mondiale est infectée par M. tuberculosis, ce qui représente un important réservoir humain avec la possibilité d’une réactivation de la tuberculose plus tard dans la vie.
Bien que généralement protecteur chez les enfants, l'efficacité du BCG contre les manifestations pulmonaires de la maladie chez les adultes varie, selon les études et les populations, de 0 à 80 %. La co-infection par le VIH, les taux croissants de résistance aux antibiotiques spécifiques et le défaut d'observance ou d'accès aux traitements entravent davantage le contrôle de la tuberculose. Le développement d'un vaccin plus efficace est donc essentiel pour surmonter ces défis et réduire le fardeau mondial de la tuberculose. Un certain nombre de candidats vaccin font actuellement l'objet d'essais cliniques.
Cependant, le seul candidat de protection clinique à ce jour est le vaccin sous-unité protéique M72/AS01E, qui a démontré dans un essai de phase 2 une efficacité de 49,7 % pour prévenir la progression vers une maladie active chez les adultes infectés par M. tuberculosis. Un essai de phase 3 en cours déterminera si ce vaccin peut atteindre les caractéristiques de produits validés par l’OMS nécessitant une protection d'au moins 50 % chez les sujets avec et sans preuve d'infection latente de M. tuberculosis, cela dans différentes régions géographiques.
Aujourd’hui, l a technologie de l'ARNm reste une approche sous-explorée pour lutter contre les infections bactériennes chroniques telles que la tuberculose. Le succès récent de la nouvelle plate-forme de vaccin à ARNm pendant la pandémie de Covid-19 a démontré que cette technologie était très efficace contre les infections virales, en raison de la production de fortes réponses d'anticorps spécifiques neutralisantes l'antigène. Deux formulations de vaccins à ARNm encapsulé dans des nanoparticules lipidiques (ARNm-LNP) contre M. tuberculosis par BioNTech sont également actuellement en phase d'essais cliniques.
Les vaccins ARNm-LNP permettent une stimulation rapide et ciblée du système immunitaire. Appliqué à la tuberculose, un vaccin ARNm-LNP pourrait renforcer la réponse immunitaire du BCG en boostant l’activation des cellules T (CD4+ et CD8+) spécifiques à M. tuberculosis , mais aussi en Induisant une meilleure réponse humorale et cellulaire par la production de cytokines et de cellules mémoire protectrices. Ce vaccin représente donc une approche prometteuse pour améliorer l'immunité protectrice induite par le BCG contre Mycobacterium tuberculosis. Il pourrait être utilisé, soit en complément du BCG pour prolonger et amplifier l’immunité, soit en remplacement du BCG (un vaccin ARNm-LNP codant pour des antigènes clés de M. tuberculosis pourrait représenter une alternative plus efficace).
Cependant, son application contre les infections bactériennes chroniques telles que la tuberculose reste incertaine. En effet, l'immunité anti-tuberculose efficace nécessite probablement la stimulation de cellules T CD4+ multifonctionnelles pour limiter la croissance et la persistance bactériennes, ce qui présente un défi unique contre un agent pathogène qui est très évolué pour échapper à la détection et à la clairance immunitaires. Une équipe de chercheurs australiens vient de mettre au point un vaccin à ARNm -LNP dénommé « mRNACV2 », sur un modèle murin. Leurs travaux ont été publiés dans le Lancet en mars 2025. Ce vaccin mRNACV2 module le trafic des cellules innées et favorise les réponses polyfonctionnelles des cellules T CD4+ Th1* pour renforcer l'immunité protectrice induite par le BCG contre Mycobacterium tuberculosis. Le vaccin a été administré par voie intramusculaire à des souris C57BL/6 femelles en tant que vaccin autonome ou en tant que rappel de BCG pour évaluer son immunogénicité et son efficacité. Pour l’infection bactérienne des souris par M. Tuberculosis, la voie par aérosol a été utilisée, reproduisant la voie d'infection naturelle.
La vaccination par mRNACV2 a induit des productions élevées de cellules T CD4+ de type Th1 spécifiques à l'antigène, y compris de cellules T CD4+ multifonctionnelles, avant et après l'infection par M. tuberculosis, cela dans le sang et les poumons des souris. La vaccination mRNACV2 a également fourni une protection pulmonaire significative chez les souris infectées par M. tuberculosis, réduisant la charge bactérienne et l'infiltration inflammatoire pulmonaire. De plus, la combinaison de la vaccination mRNACV2 avec une vaccination BCG a montré une synergie des réponses immunitaires et la réduction de la charge bactérienne, améliorant ainsi les réponses immunitaires et la protection à long terme chez le lot de souris préalablement vaccinées par le BCG.
Selon les auteurs, leurs travaux ont démontré qu'un vaccin à ARNm -LNP codant pour CysVac2, appelé mRNACV2, était immunogène et protecteur dans un modèle murin vis à vis de M. tuberculosis. Cette approche a un potentiel important de traduction chez l'homme, non seulement en tant que vaccin autonome contre la tuberculose, mais aussi en tant que rappel du vaccin BCG existant, afin d’en prolonger la protection. Ce concept novateur de vaccin ARNm-LNP contre la tuberculose pourrait marquer une avancée majeure dans la lutte contre cette maladie qui reste une des premières causes de mortalité infectieuse dans le monde.
JIM : https://www.jim.fr/viewarticle/vaccin-%C3%A0-arnm-contre-tuberculose-2025a10005iy?gs=0
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