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Vers la route virtuelle
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Plus de 170 kilomètres à l'heure sur l'autoroute, le choc aurait dû être terrible... Or la voiture a littéralement «avalé» le camion qui, devant le conducteur, venait de freiner brutalement. A bord d'Ultimate, le dernier simulateur de conduite de Renault, seules les conséquences de l'accident n'ont pas été modélisées. Pour le reste, bien calé dans le fauteuil «de série», une main sur le volant, l'autre sur le levier de vitesses, un oeil sur le tableau de bord, l'autre attentif à la route numérique qui défile sur un écran géant, on s'y croirait. Concrètement, le véhicule se trouve à 2 mètres du sol, monté sur six vérins réglés pour reproduire avec fidélité le roulis ou les à-coups de la suspension. Le châssis n'est prévu que pour deux personnes, sans avant ni arrière. Donc pas de moteur, pas de roues, pas de places pour les enfants. Mais, une fois la première embrayée, l'illusion du déplacement est parfaite : l'engin avance, recule, se déplace latéralement (sur des rails) pour mieux imiter les phases d'accélération, de freinage et de dépassement. «Contrairement à d'autres industries de pointe, comme l'aéronautique, où ils sont utilisés depuis longtemps par les pilotes, les simulateurs de conduite débarquent seulement aujourd'hui dans le monde automobile», reconnaît Andras Kemeny, chercheur au CNRS et directeur de la cellule simulation du technocentre de Renault à Guyancourt (Yvelines). Outre le constructeur français, seuls Daimler et BMW possèdent des machines équivalentes. Pourquoi une entrée si tardive ? Sans doute parce que ces simulateurs ne servent plus uniquement à des séances d'entraînement, mais qu'ils participent désormais au processus de conception. Avec deux objectifs : d'abord, améliorer la réalisation de prototypes pour réduire les coûts et le temps de développement ; ensuite, tester virtuellement de plus en plus de nouvelles technologies. Projet européen piloté par Renault et doté d'un budget de 4,5 millions d'euros, Ultimate - qui a mobilisé une dizaine de chercheurs pendant quatre années - entrera en service dans les tout prochains mois. Il servira, d'une part, à faire progresser la sécurité, par exemple en expérimentant des systèmes intelligents d'aide à la conduite, à augmenter le confort du conducteur, d'autre part, en redessinant le tableau de bord. «Il deviendra surtout un moyen unique de mesure de l'interaction homme-machine», conclut Andreas Kemeny. Un outil d'avenir aussi, puisque, à terme, la simulation devrait constituer un dixième de la conception d'une voiture.
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