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Vers une immunothérapie ciblée qui ne s'attaque qu'aux tumeurs

L’immunothérapie consiste à stimuler les défenses immunitaires des patients, afin qu’elles attaquent les cellules cancéreuses. En appliquant une stimulation à des lymphocytes T, cellules importantes du système immunitaire, des résultats sans précédents ont déjà été obtenus pour des cas de leucémie et de certains mélanomes – une forme commune de cancer de la peau.

Mais ces traitements présentent toutefois des problèmes de toxicité pour le reste de l’organisme et provoquent parfois de graves effets secondaires. C'est pourquoi une équipe de recherche associant des scientifiques de l'EPFL et du MIT a développé un gel de nanoparticules qui permet de contrôler le moment et l’endroit précis du largage de médicaments destinés à booster les cellules immunitaires.

Avec leur méthode, les défenses du corps sont mieux stimulées et le médicament agit uniquement en présence de tissus cancéreux, sans conséquences néfastes pour l’organisme. La nouvelle technologie fait l’objet de deux brevets licenciés et sera testée prochainement sur des patients par la compagnie Torque basée à Cambridge, Massachusetts.

Notre système immunitaire est composé en partie de cellules T ou lymphocytes T, qui sont très efficaces pour combattre les infections ou les virus. En cas de cancer, elles identifient l’ennemi mais ne peuvent pas le combattre. La tumeur les rend inactives et les empêche de se multiplier, ce qui entraîne leur destruction. L’immunothérapie vise principalement à maintenir les fonctions de défense de ces cellules.

L’une des méthodes consiste à prélever les cellules T d’un patient, à les modifier puis à les réinjecter dans l’organisme, créant ainsi une armée pour tuer le cancer. Au MIT et à l’EPFL, les chercheurs ont créé un petit « sac à dos » pour la cellule, qui ne s’ouvre qu’au contact de la tumeur. Ce bagage est composé de molécules de cytokines chimiquement liées les unes aux autres (par réticulation), pour former un nano-gel. Le sac à dos est fixé à la cellule à l’aide d’un anticorps CD45. Il ne s’ouvrira qu’en présence de certains signaux émis par la cellule elle-même.

Les cellules T reconnaissent les tumeurs grâce à la présence d’antigènes tumoraux présents à la surface des cellules cancéreuses. Une fois cette détection faite, la cellule T active ses récepteurs membranaires (TCR), ce qui produit une réaction chimique – réaction d'oxydoréduction ou redox – modifiant son environnement immédiat. Cet échange d’électrons provoque l’ouverture du sac à dos, qui délivre de hautes doses de cytokines à la cellule T. Les fonctions de la cellule sont ainsi restaurées, et elle peut se multiplier normalement, pour aller tuer le cancer.

Cette technique présente des atouts majeurs. Tout d’abord, aucun intermédiaire n’est utilisé pour transporter le médicament. Le sac à dos lui-même est constitué de substances cytokine. Il est donc possible de livrer beaucoup plus de traitement qu’avec les méthodes traditionnelles.

« Une seule particule contient près de 100 % de substance active, contre 10 % lorsque l’on fait de l’encapsulation, avec des risque que le transporteur interfère avec le médicament », illustre Li Tang, directeur du Laboratoire de biomatériaux pour Immunoengineering (LBI) de l’EPFL et premier auteur de l’étude. Ensuite, le largage contrôlé de cytokine est un procédé unique. « Le médicament sera livré uniquement aux cellules malades. Dans les tissus sains, le « sac à dos » de cytokine ne s’ouvrira pas. Il n’y aura donc aucun effet secondaire à ces endroits ».

Deux sortes d’immunothérapie liées aux cellules T sont déjà sur le marché depuis 2017, et donnent déjà d’excellents résultats pour le traitement de la leucémie et du lymphome. Ce nouvel outil va permettre améliorer ces traitements, et de les étendre à d'autres types de cancer.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

EPFL

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