RTFlash

Une vaste étude confirme les risques de cancer encourus par les agriculteurs français

Une vaste étude épidémiologique réalisée sur la cohorte Agrican a montré une augmentation sensible des risques de lymphomes, leucémies, mélanomes, tumeurs du système nerveux central ou cancers de la prostate chez les travailleurs du monde agricole. Ce travail se fonde sur plus d’une dizaine d’articles de recherche publiés au cours des dernières années dans la littérature scientifique internationale. Plus d’un million de personnes en activité en France, exploitants ou salariés d’exploitations, sont concernées.

Le premier constat est néanmoins que les membres de la cohorte ont un taux de mortalité plus faible de 25 % environ à la population générale. Un chiffre que les chercheurs invitent à considérer avec précaution, en raison du biais dit du « travailleur en bonne santé », bien connu des épidémiologistes. En effet, les cohortes de travailleurs comme Agrican rassemblent par construction des populations en situation de travailler, donc ne souffrant pas d’un certain nombre d’affections.

Sans surprise, ces caractéristiques sont illustrées par la sous-représentation de plusieurs cancers chez les agriculteurs : poumon, larynx, œsophage, foie, vessie, etc., dont une grande part est liée au tabac ou à la sédentarité. A l’inverse, plusieurs cancers du sang (lymphomes, myélomes), les cancers de la prostate, de la peau et des lèvres sont plus fréquents chez les agriculteurs. Au total, six cancers sont retrouvés en excès dans la cohorte, par rapport à la population générale, et quatorze y sont moins fréquents.

Pour déterminer les risques liés à certaines activités ou à l’utilisation de pesticides, explique M. Lebailly, « il faut faire les comparaisons au sein de la cohorte, c’est-à-dire estimer les différences de probabilité de développer telle ou telle maladie entre les membres de la cohorte qui réalisent telle ou telle tâche, et ceux qui ne la réalisent pas ».

« Nous avons examiné treize cultures et cinq types d’élevages », résume l’épidémiologiste Isabelle Baldi (Université de Bordeaux), co-investigatrice de la cohorte. « Toutes sont associées à un surrisque d’au moins un cancer ».

Parmi les maladies les plus représentatives du milieu agricole, les lymphomes non hodgkiniens, myélomes et certaines leucémies sont associées à un grand nombre d’activités : l’application d’antiparasitaires sur le bétail, l’enrobage des semences avant le semis, la pulvérisation de pesticides en champ et en arboriculture, ou encore la désinfection des bâtiments d’élevage.

Ces résultats renforcent les éléments de preuve de l’impact sanitaire des pesticides sur leurs utilisateurs, les liens entre pesticides et hémopathies malignes étant déjà solidement établis. Plusieurs types de lymphomes sont considérés depuis 2015 comme maladies professionnelles pour les travailleurs au contact des pesticides et peuvent ainsi conduire à l’indemnisation des malades.

L’application de pesticides en plein champ ou sur les arbres fruitiers, l’utilisation de produits antiparasitaires sur les bovins et les porcins sont également associées à un risque accru de cancer de la prostate. « Les arboriculteurs réalisant des traitements pesticides ou des récoltes sur plus de 25 hectares ont un doublement de risque » de voir survenir cette maladie, écrivent les chercheurs.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Le Monde

Noter cet article :

 

Vous serez certainement intéressé par ces articles :

Recommander cet article :

back-to-top