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Utiliser le virus du sida pour lutter contre le cancer

Le virus du SIDA (VIH), comme ses congénères, utilise et détourne le matériel des cellules humaines qu'il a infectées pour se multiplier, en insérant son propre matériel génétique dans le génome de ces dernières. Le virus VIH est redoutable car il possède la capacité de muter en permanence, ce qui lui permet de produire une multitude de protéines nouvelles et de s'adapter ainsi à son environnement en devenant résistant aux traitements antiviraux destinés à le combattre.

Des chercheurs de l'Institut de biologie moléculaire et cellulaire de Strasbourg et du CNRS sont  parvenus à utiliser cette remarquable capacité de multiplication du virus du SIDA pour transformer ce dernier en une arme qui pourrait s'avérer très efficace contre le cancer.

Dans un premier temps, ils ont d'abord introduit un gène humain dans le génome du virus. Ce gène est celui de la déoxycytidine kinase (ou dCK) : une protéine qui active les médicaments anticancéreux. Les scientifiques essayaient depuis des années de synthétiser un variant plus efficace de cette protéine dCK. Leur idée originale a été de sélectionner, grâce à la multiplication du VIH, un assortiment très large de plus de 80 protéines mutantes.

Au cours de la deuxième phase de leurs recherches, les chercheurs ont expérimenté ces différentes protéines, couplées à des molécules anticancéreuses, sur des cellules tumorales. Ils ont alors pu repérer un variant de la protéine dCK ayant un pouvoir de destruction des cellules malades bien plus grand que celui de la protéine normale. En fait, les chercheurs ont obtenu une efficacité identique des médicaments anticancéreux mais avec des doses 300 fois moins importantes ! Cette potentialité thérapeutique démultipliée est très prometteuse car elle laisse entrevoir la possibilité d'améliorer considérablement l'efficacité des traitements chimiothérapiques, tout en réduisant sensiblement les effets secondaires, souvent importants pour le patient.

Autre point fort de cette nouvelle approche : les propriétés de ces protéines mutantes peuvent être évaluées directement "in vivo", sur des cellules de culture. Il faut enfin souligner que ce nouvel outil thérapeutique, élaboré en manipulant le virus du SIDA, pourrait avoir des applications dans le traitement d'une multitude de maladies.

Article rédigé par Mark FURNESS pour RTFlash

PLOS

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