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Troubles du rythme cardiaque : une thérapie prometteuse

Une thérapie prometteuse "à coeur fermé" peut permettre à des malades souffrant d'un trouble du rythme cardiaque, la fibrillation auriculaire, de reprendre une vie normale ou presque, mais la France manque d'équipes formées pour la pratiquer.

Environ 1 % des Français, soit quelque 600.000 personnes, seraient atteints de fibrillation auriculaire, un trouble dont la fréquence croît avec l'âge (5 % après 65 ans). Le coeur se contracte et bat régulièrement à raison de 70 à 80 battements à la minute. En cas de fibrillation auriculaire, les contractions des oreillettes deviennent anarchiques : on peut en compter jusqu'à 400 par minute.

Le patient peut ne rien ressentir ou souffrir de symptômes de gravité variable : fatigue, essoufflement, palpitations, douleurs, voire syncope. Le trouble du rythme cardiaque peut être intermittent ou devenir chronique. Il peut être associé ou non à une autre pathologie : hypertension artérielle, infarctus du myocarde, insuffisance cardiaque... La première étape du traitement est médicamenteuse (anticoagulants pour fluidifier le sang, anti-arythmiques). "Les médicaments marchent dans 50 % des cas", a expliqué le Pr Michel Haïssaguerre (CHU de Bordeaux), à l'occasion du 6e Symposium international sur les techniques ablatives qui s'est tenu du 11 au 13 octobre à Paris.

En cas d'aggravation, d'insuffisance cardiaque, une intervention à "coeur fermé", appelée ablation par cathéter ou par radiofréquence, donne de "très bons résultats", selon le Pr Haïssaguerre, c'est-à-dire de 80 % à 90 % de succès chez des patients souffrant de troubles intermittents (fibrillation auriculaire paroxystique), mais moindre dans les formes chroniques. L'intervention, qui dure au moins deux heures, peut être pratiquée sous anesthésie générale ou locale. Elle consiste à détruire les tissus ou foyers à l'origine des troubles du rythme en les brûlant (à 60°C par radiofréquence) grâce à un cathéter introduit par la veine fémorale, puis acheminé jusqu'au coeur et aux veines pulmonaires.

Ces veines, tapissées de cellules musculaires excitables, peuvent en effet, tout comme les oreillettes, être le foyer d'où naît le trouble du rythme cardiaque. La réussite de ce traitement curatif ne peut être appréciée qu'à l'issue du processus de cicatrisation. Il suffit qu'un seul millimètre du tissu cautérisé redevienne excitable pour qu'une nouvelle intervention soit nécessaire, précise le Pr Haïssaguerre. En cas de succès confirmé, le patient peut arrêter les médicaments et sa qualité de vie est nettement améliorée. Une étude publiée en mars dans une revue médicale américaine, le New England Journal of Medicine, fait état d'un résultat positif pour 74 % des patients souffrant de fibrillation auriculaire chronique, mais il avait fallu deux interventions pour un quart d'entre eux. Insistant sur les "progrès considérables" permis par cette technique, le Pr Etienne Aliot (CHU de Nancy) relève "qu'on manque de bras", c'est-à-dire d'équipes formées, pour la pratiquer en France. Plusieurs dizaines de milliers d'interventions de ce type sont pratiquées chaque année dans le monde, mais moins de 3.000 en France, regrette-t-il.

AFP

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