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Un trou noir très discret !
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Un monstre, mais vraiment très, très discret. C'est, selon l'annonce faite par l'astrophysicien américain Frederick Baganoff, la description du trou noir qui dormirait au centre de notre galaxie, la Voie lactée. Une conclusion émise sur la foi des observations de Chandra, "le Hubble des rayons X", vante la Nasa. Cet énorme télescope spatial mis sur orbite par une navette de la Nasa en juillet 1999 est capable de localiser très précisément les sources émettant ces radiations dures, produites par une matière chauffée à des millions de degrés. Ce qu'il a fait, en scrutant le centre de la Voie lactée, éloigné de plus de 20 000 années-lumière de la Terre, une région autour de laquelle tournoient les cent milliards d'étoiles de la Galaxie. Dans cette région, a révélé Chandra, une source de rayons X coïncide absolument avec une célébrité du centre galactique: Sagittarius A* (SgrA*), la zone la plus brillante d'une nébuleuse d'ondes radio, située dans la constellation du Sagittaire . "Avant Chandra, explique Jean-Pierre Lasota de l'Institut d'astrophysique de Paris, nous pouvions seulement dire que les rayons X observés faisaient partie d'une boîte comprenant SgrA." Mais impossible de discerner les X émis par le milieu interstellaire, les gaz chauds du centre galactique, et une source compacte éventuelle. Chandra a tranché, il y a bien des rayons X qui sortent de SgrA. Mais, ajoute le télescope, un tout petit filet de rayons X. Si peu, que l'on pourrait même douter qu'il y a là, comme l'affirme Baganoff, un trou noir équivalent à deux millions et demi de soleils. Un trou noir, a prédit Albert Einstein, c'est ce qui arrive quand la trame de l'espace-temps est par trop gavée de matière. Quand la gravitation veut à toute force la concentrer au même endroit. Alors, molécule, atome, noyau, neutrons, quarks... rien ne supporte la pression et la matière prend une forme que les physiciens ne savent même pas imaginer. Une fois né, le monstre se fait invisible, sa gigantesque force de gravitation retenant jusqu'à la lumière qu'il pourrait émettre. En revanche, tout ce qui passe à sa portée - gaz, poussières, ou étoiles - lui fait ventre. Il l'avale illico, augmentant ainsi son espace de nuisance, la distance à laquelle il peut puiser sa nourriture. Au coeur de galaxies lointaines, les astronomes ont découvert des trous noirs de dizaines de millions, de milliards même, de masses solaires. Invisibles, mais trahis par les crissements émis par leurs victimes. En tombant sur le trou noir, la matière s'échauffe et transforme une part de cette énergie en rayons X. On s'attend donc à voir de véritables fleuves cosmiques de rayons X autour des monstres. Problème : "le modèle classique prévoit, pour SgrA, cent mille fois plus de rayons X que ce que nous observons", souligne Jean-Pierre Lasota. L'astronome propose, pour résoudre la contradiction, une théorie monacale : peu nourri, le trou noir fait voeu de silence. Selon Lasota, "moins le trou noir avale de matière, plus le rendement de la transformation énergétique à l'origine des rayons X est faible". Les calculs restent toutefois grossiers, tant la physique extrême qui règne autour d'un trou noir reste mystérieuse. "D'ailleurs, estime Lasota, dans leur jeunesse, les trous noirs sont abondamment nourris. D'où la violence des quasars, ces galaxies lointaines, donc vus dans un passé lointain, aux coeurs hyperactifs. Mais si l'on ne trouve pas de tels monstres dans la Voie lactée, ou les galaxies proches comme Andromède, c'est peut-être que devenir discret faute de nourriture est le destin inévitable d'un trou noir.".
Libération : http://www.liberation.fr/quotidien/semaine/20000125marzf.html
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- Publié dans : Espace Espace et Cosmologie
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