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Trop de sel est aussi néfaste pour notre cerveau

On le sait, nos sociétés développées consomment beaucoup trop de sel. L’OMS recommande, pour un adulte, de consommer moins de 5 grammes (un peu moins d’une cuillère à café) de sel par jour. Or, cette organisation estime qu’aujourd’hui, la plupart des individus consomment de 9 à 12 grammes par jour en moyenne, soit deux fois l’apport maximum recommandé.

Cette alimentation trop riche en sel favorise l’apparition de maladies cardiovasculaires mais, ce qu'on sait moins, c'est que trop de sel entraîne aussi des dommages au niveau du cerveau. Une nouvelle étude, menée par des chercheurs américains, met en lumière les mécanismes cellulaires expliquant comment le sel alimentaire consommé à haute dose favorise également les troubles de la cognition.

L’étude, supervisée par le neurologue Costantino Iadecola de la faculté de médecine de l’Université Cornell de New York, s’est focalisée sur l’observation et l’analyse de souris soumises à un régime hypersalé pendant trois mois. La teneur en sel dans leur alimentation représentait entre 8 à 16 fois l’apport recommandé pour la souris, soit en proportion, l’équivalent aux excès de sel les plus retrouvés chez l’homme.

Tout d’abord, les chercheurs ont observé qu’un apport important en cristal blanc réduisait significativement le débit sanguin dans le cerveau au repos ainsi que la fonction endothéliale. Par conséquent, les souris ont été moins performantes dans leurs tests mentaux montrant ainsi la présence de troubles cognitifs (altération de la mémoire, la compréhension, du jugement). Au bout de trois mois, les chercheurs ont décelé une démence chez les souris.

Dans le cerveau, des cellules dites endothéliales tapissent la surface interne des vaisseaux sanguins et remplissent divers rôles comme la régulation de la dilatation de ces vaisseaux et la sécrétion de différentes molécules. Par exemple, le monoxyde d’azote (NO) est un messager généré en permanence par l’endothélium afin de dilater les vaisseaux sanguins et inhiber l’agrégation des plaquettes. En inhibant la libération de NO par les cellules endothéliales, l’excès de sel réduit l’apport sanguin au niveau du cerveau.

Pour les chercheurs, le sel n’agit pas directement sur le cerveau mais par l’intermédiaire de cellules immunitaires présentes dans l’intestin grêle (gros intestin partant de l’estomac jusqu’au côlon). Sous l’influence du sel, ces lymphocytes T, nommées également TH 17, secrètent massivement des interleukines 17 (IL-17) qui sont libérées dans le plasma.

Une fois dans le sang, les interleukines circulent librement pour atteindre les cellules du cerveau. L’IL-17 inhibe la production de NO par les cellules endothéliales. Ces résultats mettent en lumière une nouvelle voie de communication cerveau-intestin. Ici, un excès de sel est associé à une déficience cognitive via une réponse immunitaire initiée dans l’intestin.

« L’impact du sel sur le cerveau est dévastateur, mais réversible et la communauté médicale devrait savoir que ces effets nocifs du sel ne sont pas liés à l’hypertension artérielle, comme on le croit généralement, et qu’ils justifient d’envisager une réduction de la consommation de sel dans le cadre des efforts pour maintenir le cerveau en bonne santé » souligne le Docteur Iadecola.

Pour les chercheurs, c’est la voie métabolique impliquant l’interleukine IL-17 et l’enzyme (une molécule qui accélère la vitesse des réactions chimiques) inhibant la synthèse de NO par les cellules endothéliales qui constitue désormais une cible thérapeutique privilégiée pour contrer les effets délétères du sel sur le cerveau.

« Ces résultats ont des implications pour les maladies associées à une augmentation des cellules TH 17 et de l’IL-17, comme la sclérose en plaques, le psoriasis, la polyarthrite rhumatoïde et les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI). Ces patients ont un risque accru de lésion au niveau de leurs vaisseaux cérébraux, et notre étude laisse penser que les effets nocifs de l’IL-17 sur ces vaisseaux peut en être la cause » souligne cette étude.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Nature

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