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Tremblante du mouton et Creutzfeldt-Jakob : similitude de lésions étonnante

Des chercheurs français ont pour la première fois observé une similitude des lésions occasionnées chez des souris par une souche de tremblante du mouton et une souche de la forme classique de la maladie humaine de Creutzfeldt-Jakob. Cette observation a été faite incidemment lors d'une recherche sur l'agent de la maladie de la vache folle ou encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) publié dans les Comptes rendus de l'Académie américaine des sciences (PNAS). Ces travaux ont été réalisés par Corinne Lasmézas, sous la direction de Jean-Philippe Deslys et Dominique Dormont du Commissariat à l'énergie atomique (CEA). Cette observation totalement originale relance l'intérêt sur l'étude des formes classiques, dites "sporadiques," de la maladie humaine dont la cause reste indéterminée. Les chercheurs ont étudié deux souches de tremblante, une française, l'autre américaine. La similitude de lésions obtenue sur les rongeurs n'a été observée qu'avec la souche française de tremblante. "Ce résultat ne permet pas de conclure à une relation de cause à effet entre la tremblante et la maladie humaine", a déclaré à l'AFP Corinne Lasmézas. En d'autres termes, cette observation "n'apporte pas la preuve que l'homme peut contracter une encéphalopathie spongiforme en mangeant du mouton atteint de tremblante", dit-elle. Mais l'analyse biochimique montre que ces deux souches sont très proches. "Il existe (...) une possibilité que dans certains cas les souches d'EST infectant l'homme partagent une origine commune avec la tremblante", écrivent les chercheurs français dans PNAS. Le terme d'EST regroupe des encéphalopathies spongiformes transmissibles, toutes mortelles, comme les différentes formes de MCJ, la maladie de la vache-folle et la tremblante. "Cela soulève l'hypothèse d'une source commune de contamination qui pourrait affecter l'homme et le mouton sans qu'il y ait nécessairement une transmission entre les deux", a-t-elle ajouté. "Cette observation doit constituer un point de départ pour de nouvelles recherches sur la tremblante dans différents pays et sur les souches de la forme sporadique de la maladie humaine", a précisé Mme Lasmézas. "On n'a jamais démontré que la tremblante est transmissible à l'homme mais l'inverse n'a jamais non plus été démontré", relève de son côté un expert vétérinaire, le Pr Jeanne Brugère-Picoux. Cependant, a-t-elle ajouté, "on n'observe pas plus de cas de la forme sporadique de maladie de Creutzfeldt-Jakob dans les pays qui ont de la tremblante sur leur territoire, ni moins de cas dans des pays comme l'Australie ou la Nouvelle-Zélande qui n'ont pas de tremblante". Certains chercheurs ont en tous cas compris le message d'incitation à la recherche comme l'Allemand Hans Kretzschmar de Goettingen (Institut de neuropathologie à l'Université Georg-August), coordonnateur de la surveillance nationale de la MCJ. Il a en effet l'intention d'examiner de plus près les cas de MCJ sporadique. Pour un expert britannique, Moira Bruce, ces résultats méritent des recherches supplémentaires. D'autres études sur la souris portant sur la tremblante et la forme sporadique de MCJ sont en cours, a indiqué Mme Bruce. Il y a dans ces maladies, comme pour les bactéries, plusieurs souches d'agent infectieux en cause. Comme pour la maladie sporadique humaine, il existe ainsi plusieurs souches responsables de la tremblante du mouton, provoquant des formes différentes de lésions chez la souris, alors qu'actuellement on ne connaît qu'une seule souche de la maladie bovine. Celle-ci cause des lésions identiques chez les souris auxquelles a été administré de la cervelle contaminée par l'ESB.

AFP : http://fr.news.yahoo.com/010329/1/13spy.html

PNAS : http://www.pnas.org/cgi/content/abstract/98/7/4142

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