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Transfusion sanguine : vers des donneurs universels !

Transformer les groupes sanguins A et B en donneurs universels pourrait être possible d'ici quelques années : deux familles d'enzymes capables de modifier leurs antigènes ont été identifiées par une société américaine et un laboratoire français du CNRS. Le système de classement ABO a été découvert en 1900 par le biologiste autrichien Karl Landsteiner, prix Nobel de médecine en 1930. Le groupe O est appelé "donneur universel" car il est transfusable à tous les groupes sanguins (A, B, AB et O). En revanche, la transfusion de sang de groupe A chez un patient B, ou l'inverse, peut être mortelle. Des erreurs d'étiquetage ou humaines provoquent des décès chaque année, rappelle le CNRS.

La société de biotechnologie ZymeQuest a identifié deux familles d'enzymes qui permettraient d'éliminer les molécules (galactose ou N-acetylgalactosamine) présentes à la surface des globules rouges. Ces molécules caractérisent les antigènes des groupes A et B, alors que le groupe O ne possède pas d'antigènes du système ABO. Les chercheurs de la compagnie américaine ont ensuite travaillé avec le laboratoire Architecture et fonction des macromolécules biologiques (Cnrs-Université Aix-Marseille 1 et 2). Les résultats sont publiés dans le numéro d'avril de la revue "Nature Biotechnology".

Provenant de bactéries, ces enzymes ont acquis des mécanismes catalytiques qui les distinguent de celles que l'on connaissait jusqu'alors et dont l'efficacité et le coût de production étaient inappropriés pour effectuer une conversion des groupes sanguins. Avec ces enzymes, les chercheurs ont mis au point une solution qu'ils ont injectée dans les poches de sang, chacune d'elles étant traitée individuellement pour des questions de traçabilité, explique Gerlind Sulzenbacher, ingénieur de recherche au laboratoire. L'enzyme agit pendant une heure, puis elle est enlevée. La poche de sang est alors dépourvue d'antigènes.

La société ZymeQuest "a développé des instruments qui peuvent faire ça à haut débit, pour que ce soit rentable", poursuit-elle. "Ils peuvent traiter des dizaines de poches au même moment, en parallèle". Les brevets ont été déposés pour les deux groupes sanguins A et B. Le processus en est au stade des tests cliniques pour le B. Avant qu'il ne soit éventuellement approuvé, il faudra attendre entre trois et cinq ans, selon Gerlind Sulzenbacher qui ajoute "Cette découverte ne peut qu'être "bénéfique" car tous les stocks doivent être renouvelés continuellement, on est très souvent en manque. Si on peut transformer tous les stocks instantanément en donneur universel, ça pourrait régler ce problème, tout en évitant les accidents de transfusion".

CNRS

MIT

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