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Le tofacitinib serait efficace dans les formes sévères de Covid-19

Les formes graves de la Covid-19 se caractérisent par une réponse immunitaire exacerbée qui se manifeste par un véritable orage cytokinique où l’interleukine-6 (IL-6), le TNFα (tumor necrosis factor α) et d’autres cytokines sont particulièrement impliqués. Dans ce contexte biologique, le tofacitinib semble disposer d’atouts indéniables : cet anti-JAK agit par inhibition sélective des Janus kinase (JAK) 1, JAK2 et JAK3, ce qui aboutit à un effet immunodépresseur profond qui a été mis à profit dans le traitement de fond des maladies auto-immunes, en premier lieu la polyarthrite rhumatoïde.

La production des cytokines est indirectement diminuée, mais le tofacitinib est également à même de moduler l’action des interférons et de l’IL-6, de sorte que la libération des cytokines par les lymphocytes T helper de type 1 et 17 s’en trouve réduite : un mode d’action qui répond en partie à la pathogénie du syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA).

Un essai brésilien, en double aveugle contre placebo dit STOP-COVID a inclus 289 patients hospitalisés en raison d’une forme sévère de cette infection qui ne nécessitait pas pour autant une ventilation invasive ou non. Dans le groupe traité, le tofacitinib a été administré par voie orale à raison de 20 mg/jour en deux prises, pour une durée de 14 jours ou jusqu’à la sortie du milieu hospitalier.

Le critère de jugement principal combinait les décès ou les cas d’insuffisance respiratoire aiguë survenus au cours d’un suivi de 28 jours après l’inclusion dans l’essai. Par ailleurs, la dégradation de la fonction respiratoire a été également évaluée au moyen d’une échelle ordinale à huit niveaux, les valeurs les plus hautes témoignant d’une condition plus défavorable. La mortalité globale et l’acceptabilité du traitement ont par ailleurs été prises en compte. Dans la majorité des cas (89,3 %), une corticothérapie a été instaurée pendant l’hospitalisation de manière équilibrée entre les deux groupes.

Au 28e jour de l’essai, l’incidence cumulée des décès et des cas d’insuffisance respiratoire aiguë était significativement moindre dans le groupe tofacitinib, soit 18,1 %, contre 29,0 % dans le groupe placebo. Dans le groupe traité, la mortalité globale, toutes causes confondues, a été presque deux fois inférieure : 2,8 %, contre 5,5 % dans l’autre groupe.

Cette étude solide montre donc que, chez les patients hospitalisés en raison d’une forme sévère de Covid-19, un anti-JAK tel le tofacitinib possède une efficacité thérapeutique certaine à court terme : la diminution de la mortalité s’associe à une moindre progression vers l’insuffisance respiratoire aiguë et ce bénéfice thérapeutique est obtenu au prix d’une acceptabilité satisfaisante.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

NEJM

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