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Une thérapie cellulaire pour réparer les cœurs abîmés

Lorsqu’un infarctus du myocarde est pris en charge en urgence, le risque de décès diminue fortement. Mais il peut générer des séquelles comme l’insuffisance cardiaque : le cœur, qui a perdu en force musculaire, ne parvient pas à pomper suffisamment de sang pour envoyer de l’oxygène aux organes. Serait-il possible de régénérer le cœur, de lui donner les moyens de réparer les cellules détruites par l’infarctus ? C’est sur cet axe que travaillent depuis plus de quinze ans des chercheurs spécialisés dans les mécanismes d’action des maladies cardiovasculaires. Il en a notamment été question lors du congrès international de l’ISHR (International Society for Heart Research) qui vient de se dérouler à l’université Paul-Sabatier de Toulouse autour de 400 participants.

« Les thérapies cellulaires ont pour objectif de réparer les zones du cœur abîmées par un infarctus du myocarde afin que le muscle retrouve sa fonction cardiaque normale », résume le Professeur Jérôme Roncalli, cardiologue au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Toulouse, coordonnateur de l’étude ExCellent dont les premiers résultats ont été présentés en mai dernier lors du Congrès européen de l’insuffisance cardiaque à Lisbonne. Depuis 2016, ExCellent cherche à montrer qu’il est possible de régénérer les tissus endommagés du cœur grâce à l’injection de cellules souches CD 34. Les premières injections ont été réalisées à Toulouse en 2017. Ces cellules souches sont autologues, c’est-à-dire que ce sont les propres cellules du patient. Une fois prélevées, elles sont mises en culture pendant 9 jours pour être multipliées. Devenues “ProtheraCytes”, un médicament de thérapie innovante mis au point par la start-up alsacienne CellProthera, elles sont ensuite injectées directement dans le cœur, en passant par l’artère fémorale, dans la zone altérée par l’infarctus. Selon CellProthera, les ProtheraCytes favorisent la revascularisation et la régénération des cardiomyocytes -cellules du muscle cardiaque-, tout en induisant un processus de réparation du tissu myocardique endommagé.

Dans l’essai clinique de phase I/II b, mené dans 13 centres en France et au Royaume-Uni, dont le CHU de Toulouse pour près de la moitié des inclusions, les résultats sont prometteurs. Sur 49 patients, âgés entre 55 et 60 ans, ayant subi un infarctus sévère du myocarde qui a diminué de moitié leur fonction cardiaque, 16 ont été soignés par le traitement standard (réouverture de l’artère avec pose de stent puis traitement médicamenteux classique) et 33 ont reçu, en plus de ce traitement standard, une injection de cellules CD34 dans la zone du cœur abîmée par l’infarctus.

Tous ont été suivis par échographie et IRM (imagerie par résonance magnétique) pendant six mois. « Aucun effet secondaire non attendu n’a été constaté. Dans le groupe contrôle, qui n’a pas reçu d’injection de CD34, cinq personnes sur 16 ont été hospitalisées pour insuffisance cardiaque. Il n’y a eu qu’une hospitalisation pour insuffisance cardiaque parmi les 33 patients ayant reçu des cellules CD34. Surtout, à six mois, l’IRM du cœur a montré une réduction significative de la taille de la zone abîmée par l’infarctus chez ces 33 patients : le traitement a permis d’éviter la dilatation du cœur et donc l’évolution vers l’insuffisance cardiaque. De même, le marqueur biologique sanguin, qui traduit l’état de l’insuffisance cardiaque, a diminué », remarque le Professeur Jérôme Roncalli.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

La Dépêche

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