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La télémédecine décolle en France
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En cas d'attaque cérébrale, la rapidité du diagnostic est cruciale. Mais peu d'urgentistes sont en mesure de réaliser l'examen neurologique qui s'impose face à un patient souffrant de troubles de la parole et d'autres signes annonciateurs de l'AVC (accident vasculaire cérébral). Pour y remédier, le service neurologie du CHU de Besançon a misé sur le télédiagnostic. Ses spécialistes mènent à distance, via une plate-forme logicielle et une caméra motorisée, une véritable consultation du patient recueilli aux urgences de Pontarlier ou d'une autre ville du Doubs. Et décident, en connaissance de cause, s'il faut ou non le transférer dans un service spécialisé.
Mené par le professeur Moulin, c'est l'un des huit projets sélectionnés en avril par le ministère de la Santé pour être déployés, dans le futur, à l'échelle nationale. Car les autorités s'intéressent plus que jamais à la télémédecine. Près de 300 expériences ont été recensées dans l'Hexagone et 25 d'entre elles, considérées comme particulièrement réussies, sont scrutées par l'Anap, une instance publique. Mieux, le programme de santé en cours d'élaboration dans toutes les agences régionales de santé (ARS) doit inclure un volet télémédecine, intégrant les cinq priorités nationales définies il y a un an, en particulier l'imagerie médicale et les AVC.
Mais l'application des technologies numériques à la santé se fait sans précipitation. En 2012, l'objectif est «d'optimiser les projets pour passer ensuite à la vitesse supérieure», expliquait il y a quelques semaines une collaboratrice de l'ex-secrétaire d'État à la santé Nora Berra, en soulignant que «la France est l'un des premiers pays européens à bénéficier d'une réglementation définissant et encadrant la télémédecine».
Quand il s'agit de réalisations concrètes, pourtant, l'Hexagone se situe très loin derrière la Grande-Bretagne, l'Allemagne et l'Espagne, affirme le cabinet d'études AMR International. Les autorités britanniques ont, par exemple, mis en place NHS Direct, un système de conseil médical par Internet et téléphone, qui a reçu 10 millions d'appels et de connexions au Web l'an dernier. De quoi éviter 1,1 million de passages aux urgences et 1,6 million de consultations en cabinet, assure-t-on Outre-Manche.
En dépit du bond en avant que représentent la loi Hôpital, patients, santé et territoires de 2009 et le décret d'application d'octobre 2010, les freins à la télémédecine sont encore nombreux en France. À commencer par la facturation des actes, loin d'être modélisée. «La Sécurité sociale est frileuse», expliquent des observateurs, car elle redoute «une inflation des coûts avec l'arrivée du numérique». Pourtant, «le recours à la télé expertise économise les frais de transport des patients», assurent les responsables de projets dans les ARS.
Une réduction «des dépenses prises en charge par l'Assurance-maladie et par les régimes complémentaires» est d'ailleurs attendue dans le cadre du programme Vigisanté lancé par le groupe de prévoyance Malakoff Médéric et sélectionné par le ministère de l'Industrie. Ce plan de dépistage en entreprise et télémédecine, le premier à grande échelle, inclut des dispositifs médicaux communicants placés au domicile des patients (auto-tensiomètre, pilulier électronique…), une plate-forme d'accompagnement sur Internet et un système expert pour faciliter le suivi du patient par son médecin traitant.
De toute façon, rappelle le docteur Laurent Treluyer, responsable de la télémédecine à l'ARS Ile-de-France, «on n'attend pas des économies de la télémédecine, plutôt une amélioration de l'accès aux soins». «La télémédecine confère le don d'ubiquité», souligne de son côté Hervé Barge, directeur des systèmes d'information de l'ARS de Franche-Comté. Elle devrait apporter des solutions à la désertification médicale, aux problèmes de démographie dans certaines spécialités et au vieillissement de la population. Elle facilitera la prise en charge à domicile, en particulier pour les maladies chroniques.
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