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Une technique révolutionnaire pour produire de la morphine à partir de levures
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Grâce à une série d'avancées récentes et complémentaires dans le domaine de la chimie fine, le pavot pourrait bientôt ne plus être nécessaire à la production de morphine. Ces différentes études ont permis d'aboutir à un procédé permettant la production d’opioïdes (nom donné aux dérivés synthétiques de l’opium, dont fait partie la morphine) à partir de levures génétiquement modifiées et de sucre.
Pour parvenir à un tel résultat, des chercheurs de l’Université de Berkeley en Californie ont démontré la possibilité de transformer la tyrosine, un dérivé du sucre, en réticuline, un composé du pavot. Ils ont réussi à utiliser et à détourner le processus de fermentation : au lieu de transformer le sucre en alcool, comme dans la production du vin ou de la bière, la levure génétiquement modifiée sert à produire des opiacés.
Parmi les possibilités offertes par cette découverte figure celle de "créer de nouveaux composés chimiques que la plante n’aurait pas produits naturellement : par exemple des médicaments moins addictifs, plus efficaces ou encore moins chers", souligne Will DeLoache, l'un des chercheurs californiens.
La reproduction de la synthèse de la morphine est une découverte majeure car elle ouvre la voie vers l’industrialisation de la morphine, un antidouleur primordial auquel une grande partie du monde n’a pas accès. Aujourd'hui, l’artémisinine, un médicalement contre la malaria, est le seul composé chimique naturel aussi complexe qui ait été intégralement synthétisé grâce à des cellules simples comme les levures ou les bactéries.
Le problème, c'est que cette découverte ne doit pas pouvoir être exploitée par les trafiquants de drogue pour produire de la morphine de synthèse en laboratoire. Pour éviter ce scenario, les chercheurs de Berkeley ont consulté Kenneth Oye, directeur du Programme d’études sur les technologies émergentes au MIT. Celui-ci préconise l'adoption rapide de plusieurs mesures de précaution, destinées à rendre particulièrement difficile le détournement illégal de ces techniques : la souche de levure pourrait par exemple être créée de telle sorte qu’elle soit difficile à cultiver, donc plus difficile à faire fermenter de manière artisanale. Des marqueurs génétiques pourraient également être intégrés pour que la souche soit traçable.
Les chercheurs précisent toutefois que, si toutes les étapes ont bien été découvertes de manière indépendante, il n’existe pas encore de souche de levure capable de synthétiser à elle seule de la morphine. "Une telle souche devrait être créée d’ici deux ou trois ans", prévoit Will DeLoache.
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash
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- Publié dans : Médecine
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