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Le talent est-il plus déterminant que le travail ?

Comment les gens deviennent bons en science, en musique ou en sport ? Est-ce de l’inné ou de l’acquis ?

Ces questions ont soulevé pendant longtemps d’intenses débats en psychologie. Et contrairement à certains spécialistes qui insistent sur le rôle déterminant de la pratique et du travail, David  Z. Hambrick et Elizabeth J. Meinz, deux professeurs de psychologie, soutiennent dans un article du New York Times que le talent et l’intelligence ont un impact bien plus marquant sur nos actions.

Les deux chercheurs rappellent qu’il y a moins de vingt ans, une étude pionnière dirigée par le psychologue K. Anders Ericsson de l’université de Floride a montré que bien jouer de la musique relevait surtout du nombre d’heures de pratique. Ainsi a-t-il remarqué avec ses collègues qu’à l’âge de 20 ans, les meilleurs étudiants du département de musique de l’université de Floride avaient accumulé pas moins de 10.000 heures de répétition, contre 8.000 pour les élèves jugés bons mais pas excellents et 5.000 heures pour les moins performants.

Comme le soulignent David  Z. Hambrick et Elizabeth J. Meinz, ces résultats fondateurs ont été suivis par de nombreuses études «enthousiastes» allant dans le même sens : ce qui sépare les meilleurs des bons c’est l’acharnement au travail et la détermination.

Malcolm Gladwell en tire d’ailleurs la même conclusion quand il résume l’importance des recherches d’Ericsson dans son livre Outliers : «La pratique, ce n’est pas ce que vous faites une fois que vous êtes bon, mais ce que vous faites pour devenir bon.»

De la même manière, Geoff Colvin dans son livre Le talent est surévalué, distingue justement pour mesurer la pertinence du QI, la performance dans un cadre répété et habituel et la performance réalisée qu’une seule fois : «Le QI est un indicateur convenable de performance pour une tâche qui n’est pas familière, mais une fois qu’une personne fait le même travail depuis quelques années, le QI ne prédit pas grand-chose, ou même rien concernant la performance.»

Mais selon les deux auteurs de l’article du New York Times, ces affirmations ne correspondent pas exactement à «ce que dit la science». De plus récentes recherches montrent en effet que les capacités intellectuelles ont un rôle déterminant pour réussir dans de nombreux domaines.

David Lubinski et Camilla Benbow de l’université de Vanderbilt dans le Tennessee ont ainsi suivi les trajectoires scolaires de plus de 2.000 personnes qui ont obtenu les meilleurs scores au SAT à 13 ans (les 1 % les meilleurs). Et ils remarquent qu’en comparaison des 9 % les meilleurs, les premiers 1 % ont trois à cinq fois plus de chance d’avoir un doctorat, d’écrire un livre ou de publier ou un article dans une revue scientifique.

Les deux auteurs évoquent aussi leurs propres résultats qui reposent sur l’analyse de ce qu’ils appellent la capacité liée à la «mémoire de travail». Selon eux, cette qualité intellectuelle est innée. Or c’est elle qui fait la différence entre, par exemple, deux pianistes ayant la même expérience mais pas la même intelligence.

Cet article du New York Times a été vivement critiqué par Gizmodo, un site spécialisé dans l’actualité des innovations technologiques. Le site déplore en effet le fait que les deux psychologues cherchent à décourager tous ceux qui essayent d’entreprendre  «en travaillant vraiment dur», et souligne que la notion de «talent» ne se limite pas à la génétique, et donc à l’inné.

Slate

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