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Sun, à l'heure du bureau virtuel
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Une carte magnétique, un agenda et un casier: ce sera bientôt le seul viatique de la moitié des salariés de Sun Microsystems, géant américain de l'informatique, engagé à marche forcée dans la voie du "bureau virtuel". Le groupe californien, spécialisé dans les serveurs, devrait achever d'ici un an la mise en place d'un réseau de sites de travail ouverts à tous, que les employés peuvent utiliser deux jours par semaine à la place de leur bureau habituel. Tous ces sites sont reliés aux serveurs centraux du groupe, sur lesquels sont stockées les données personnelles de chacun. Sur place, l'employé n'a qu'à glisser sa carte magnétique dans un terminal informatique, le "Sun Ray", qui ne coûte qu'environ 500 dollars. Une fois connecté, il accède à ses fichiers et aux logiciels nécessaires (notamment la suite bureautique Star Office de Sun), qui sont également stockés à distance sur les serveurs. Sun espère que ce programme baptisé iWork, lancé à l'origine pour faire face à l'engorgement des transports dans la Baie de San Francisco, permettra d'économiser 150 millions de dollars (160 millions d'euros) par an. Il s'agit aussi d'une vitrine de choix pour la technologie du groupe: une grande entreprise, assure Sun, fonctionne mieux avec un réseau de serveurs qu'avec une myriade de micro-ordinateurs utilisant le système d'exploitation de son grand rival Microsoft. Mais un tel programme ne s'applique pas sans règles draconiennes. Ainsi, les salariés ne peuvent utiliser un "bureau alternatif" que deux jours - non consécutifs - par semaine, et chaque personne quittant un bureau pour au moins deux heures doit laisser place nette. Il y a tout intérêt à arriver tôt pour avoir une bonne place, notamment le vendredi, une journée particulièrement chargée car les habitants de San Francisco travaillant dans la Silicon Valley, à une heure de route, préfèrent utiliser un bureau dans un site proche de chez eux. "Arrivez tôt, vous aurez une bonne place de parking et un bon bureau", résume Scott McNealy, directeur général. La formule n'est pas sans défauts. Les salariés doivent sans cesse emballer et déballer leurs affaires, et les bureaux sont anonymes. Ce caractère impersonnel inquiète Martin Bechtold, professeur assistant à la Harvard Design School, pour qui les employés doivent pouvoir personnaliser leur poste de travail: "Après tout, nous sommes des personnes physiques et non virtuelles". Autre problème: de nombreux managers ont dû mal à abandonner leur bureau et à gérer des employés à distance. Mais il s'agit d'une évolution dictée par le progrès, estime Bill Agnello, vice-président exécutif chargé des sites de travail. "Les ingrédients sont déjà là: internet, l'enfer des transports, les choix que les familles doivent faire quand les deux parents travaillent", explique-t-il. Ce système semble taillé sur mesure pour les entreprises en fort développement, dont le fonctionnement requiert une grande souplesse. Ce n'est pas le cas de Sun, dont la croissance a subi un coup d'arrêt fin 2000 avec la crise de l'informatique. Le groupe a prévu lors des deux derniers exercices 465 millions de dollars (496,5 millions d'euros) de charges correspondant à des fermetures de bureaux. Malgré tout, Sun estime que dans un an la moitié de son effectif, soit 18.000 personnes, utilisera des "bureaux virtuels", dont un millier environ travaillant depuis leur domicile.
Reuters :
http://fr.news.yahoo.com/020601/85/2lzoj.html
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