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Edito : La stimulation cérébrale : un outil révolutionnaire qui bouleverse la médecine
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Née il a presque un quart de siècle, grâce aux travaux du Japonais Tamiji Tsubokawa, de l’école de médecine de Tokyo, la stimulation électromagnétique du cerveau a accompli récemment des progrès décisifs et est en train de profondément modifier la prise en charge et les options thérapeutiques dans une large palette de pathologies neurologiques ou psychiatriques.
A l’hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), un des établissements français en pointe dans l’utilisation de cette technique prometteuse, les médecins utilisent un nouveau type de stimulateur magnétique transcrânien. Cet appareil, unique en son genre, est équipé d’un bras robotisé capable de déplacer une bobine de 8,5 kilos et ainsi d’envoyer des impulsions magnétiques dans des zones très précises du cerveau. Comme le souligne Frédérique Poindessous-Jazat, la chercheuse responsable de l’évaluation scientifique des effets de cet outil, « Notre outil de stimulation est la clé de voûte d’un test inédit visant à évaluer l’efficacité d’une approche non pharmacologique pour soulager certaines formes de douleurs chroniques ».
Il y a maintenant une dizaine d’années que les effets de cette stimulation magnétique sur la douleur font l’objet d’études rigoureuses dans ce centre hospitalier. En 2007, au Centre d’évaluation et de traitement de la douleur (CETD) de l’hôpital Ambroise-Paré, les chercheurs ont commencé à évaluer l’influence d’une stimulation magnétique transcrânienne sur des personnes atteintes de fibromyalgie, une pathologie assez déroutante, aux causes mal cernées, qui se caractérise par des douleurs diffuses, qui toucherait jusqu’à 2 % de la population. Ces travaux ont montré qu’en stimulant quotidiennement, des régions précises du cerveau – le cortex moteur et le cortex préfrontal –, il était possible d’obtenir une réduction significative de la douleur ressentie.
Il y a trois ans, la même équipe a franchi une étape supplémentaire en démontrant la persistance de l’effet de ce traitement sur les patients, après cinq jours de stimulation quotidienne, en ayant recours à seulement une séance par mois. S’appuyant sur ces avancées, le CETD s’est doté il y a six mois d’un stimulateur plus performant, équipé d’un système de neuro-navigation permettant d’obtenir une reproductibilité optimale des stimulations. Ce nouvel appareil devrait permettre de mesurer l’efficacité réelle de cette technique d’électrostimulation dans le traitement des douleurs chroniques et rebelles à tous les traitements conventionnels.
Bien que cette technique étonnante reste largement empirique dans son application, ce centre-pilote a autorisé depuis quelques jours l’utilisation élargie de ce nouvel appareil dans un cadre thérapeutique. Désormais, les patients atteints de différents types de douleurs chroniques pourront bénéficier d’une prise en charge à l’aide de cet instrument.
Il est vrai que la douleur est un phénomène biologique, psychologique et anthropologique complexe dont les causes et les mécanismes sont encore loin d’être totalement élucidées et il n’y a qu’une vingtaine d’années que l’on sait que certaines douleurs chroniques, celles qui durent plus de trois mois et pour lesquelles les traitements classiques sont inefficaces, correspondent à des dysfonctionnements spécifiques du système nerveux et sont d’une nature différente des douleurs dites « aiguës ».
Une étude publiée dans la revue de référence « Pain » (Le Journal de l'Association internationale pour l'étude de la douleur) en 2008 a montré que près d’un tiers de la population française serait touchée par ces troubles complexes. Les scientifiques savent à présent que certaines douleurs résultent de lésions au niveau des nerfs (douleurs neuropathiques) mais que d’autres résultent d’une inflammation périphérique (douleurs nociceptives) ou d’un dysfonctionnement de la voie de régulation de la douleur, au niveau de la moelle épinière ou du cerveau, comme par exemple dans le cas de la fibromyalgie.
Récemment, le prix américain de la recherche médicale Lasker-Debakey a récompensé la contribution remarquable de deux neurologues pionniers de la stimulation cérébrale profonde : le Français Alim-Louis Benabid et l’Américain Mahlon DeLong. Commencées il y a plus de trente ans, les recherches de ces deux scientifiques ont permis de soulager plus de 100 000 patients souffrant de divers troubles neurologiques ou neuropsychiatriques.
Au cours des années 80, Mahlon DeLong, en collaboration avec ses collègues Garrett Alexander, Peter Strick, Hagai Bergman et Thomas Wichmann, a découvert et théorisé une nouvelle approche des ganglions de la base et des régions associées du cortex et du thalamus qui sont constituées de zones anatomiquement et fonctionnellement distinctes.
Ces chercheurs ont montré que de nombreuses affections neurologiques étaient associées à un dysfonctionnement de certaines voies spécifiques situés entre le cortex et les ganglions de la base. Ils ont ensuite montré qu’en détruisant le noyau sous-thalamique d’un primate atteint de la maladie de Parkinson, on obtenait une amélioration sensible des symptômes. Cette découverte majeure ouvrait la porte vers la modulation électrique contrôlée des circuits cérébraux impliqués dans de multiples affections neurologiques.
Une nouvelle étape fut franchie en 1987 par Alim-Louis Benabid qui, pour la première fois, expérimenta chez un patient âgé, atteint de tremblements, une électrostimulation à haute fréquence à l’aide d’une sonde intracrânienne. Les résultats très encourageants de cette intervention validèrent cette nouvelle approche thérapeutique.
Ces travaux pionniers permirent également d’enrichir et de compléter notre conception du fonctionnement du cerveau en y intégrant une nouvelle composante fondamentale : celle constituée par la dimension ondulatoire, oscillatoire et rythmique qui accompagne et module les différentes fonctions motrices, comportementales et cognitives. Dans une nouvelle approche globale du cerveau, qui n’est pas sans rappeler celle de la médecine chinoise et des conceptions énergétiques et dynamiques, les scientifiques comprirent qu’en rétablissant par des stimulations électromagnétiques appropriées en intensité et en fréquence les oscillations perturbées dans le cerveau, il était possible d’atténuer, voire de supprimer durablement les symptômes de nombreuses maladies, qu’il s’agisse de Parkinson ou d’autres troubles neurologiques...
Au cours de ces dernières années, la stimulation cérébrale n’a cessé d’étendre son champ d’application thérapeutique et a donné des résultats de plus en plus remarquables dans le traitement de pathologies aussi diverses que les épilepsies, les dystonies, certains troubles obsessionnels compulsifs, certains états dépressifs et même certains cas de maladie d’Alzheimer !
Fin 2012, une étude réalisée par une équipe germano-québécoise, dirigée par le Professeur Alexander Thiel, a ouvert une voie de recherche en montrant que la stimulation magnétique cérébrale pouvait sensiblement améliorer la récupération de la fonction du langage chez les personnes victimes d’accidents vasculaires cérébraux (Voir Stroke).
Cette technique non invasive semble en effet permettre une récupération plus précoce et plus efficace et pourrait donc améliorer de manière décisive la qualité de vie des victimes, tout en réduisant sensiblement le coût pour la collectivité de la prise en charge très lourde de ces patients. Les premiers essais cliniques menés à Montréal et utilisant la stimulation magnétique transcrânienne répétitive (SMTr) sur 24 personnes victimes d'AVC et atteintes d’aphasie ont confirmé le potentiel thérapeutique de cette nouvelle technique.
En ce qui concerne la récupération après un AVC, les améliorations cognitives constatées dans le groupe «SMTr» ont été en moyenne trois fois supérieures à celles obtenues dans le groupe témoin.
Cette technique a également montré une surprenante efficacité dans le traitement de certaines dépressions résistantes et en juin 2013, une étude américaine a fait état de « rémissions complètes » chez près de la moitié des patients atteints de dépression résistante, un an après un traitement par stimulation magnétique transcranienne. Fait remarquable : les effets de ce nouveau traitement perdurent pendant au moins un an après son arrêt.
Dans cette étude, les chercheurs ont constaté que, sur les 307 patients traités à l’aide de la SMTr, 62 % ont présenté une amélioration des symptômes et 41 % une rémission complète en fin de traitement. Un an après la fin du traitement, 68 % de ces patients avaient obtenu une amélioration des symptômes et 45 % étaient en rémission complète.
Une autre étude publiée en octobre 2013 par l’Université de Poitiers a également montré l’efficacité thérapeutique de la stimulation magnétique transcrânienne dans la prise en charge de certains troubles obsessionnels compulsifs (TOC), une affection chronique pouvant entraîner un lourd handicap social et professionnel. Actuellement, environ la moitié des patients souffrant de ces troubles restent réfractaires aux traitements conventionnels et ces recherches ont permis de montrer que la stimulation magnétique transcrânienne répétitive, en ciblant de nouvelles cibles de stimulation comme l'aire motrice supplémentaire (AMS) et le cortex orbitofrontal (COF), permettait de soulager fortement et durablement la moitié de ces patients réfractaires aux autres traitements.
D’autres études ont par ailleurs montré que cette technique semblait également efficace pour réduire sensiblement et durablement les symptômes de certaines schizophrénies, une pathologie psychiatrique lourde et invalidante.
Mais cette stimulation magnétique transcrânienne semble non seulement être en mesure de soigner efficacement des pathologies et des troubles neurologiques et psychiatriques très divers mais également capable d’améliorer certaines capacités cognitives de notre cerveau ! Des recherches récentes réalisées par des chercheurs de la Northwestern University et l'Institut de réadaptation de Chicago ont en effet montré qu’une stimulation magnétique du cerveau, non invasive, à raison d’une séance quotidienne et durant 5 jours seulement, avait des effets positifs significatifs sur les connexions du cerveau et la mémoire associative (Voir Science).
Ces travaux montrent que les impulsions magnétiques améliorent la capacité de rappel chez les sujets sains et suggèrent que cette technique pourrait ouvrir de nouvelles voies thérapeutiques prometteuses chez des patients atteints de troubles cognitifs provoqués par l’âge ou la maladie. Dans ces recherches qui ont porté sur 16 adultes en bonne santé, les chercheurs ont ciblé par stimulation magnétique transcrânienne le cortex pariétal latéral, une zone impliquée en interaction avec l'hippocampe dans la mémoire associative. Les chercheurs ont pu montrer qu’en quelques semaines, cette technique permettait d’améliorer la performance sur le test de mémoire associative de plus de 20 % et d’augmenter la connectivité entre certaines régions spécifiques du cortex et l'hippocampe.
On voit donc que la stimulation électrique et magnétique profonde et contrôlée du cerveau ouvre non seulement de nombreuses voies thérapeutiques nouvelles pour mieux traiter une multitude de troubles et d’affections neurologiques ou psychiatriques mais permet également d’élargir et d’enrichir considérablement notre conception globale de l’organisation et du fonctionnement du cerveau humain.
Ces avancées scientifiques et médicales parfois spectaculaires confirment également à quel point les progrès décisifs dans la connaissance des mécanismes fondamentaux les plus complexes du vivant passent à présent par une approche conceptuelle résolument « intégrative » et transversale, incluant notamment, à côté de la biologie et de la chimie, la physique, l’optique, l’informatique et les mathématiques.
Alors que notre Pays a joué un rôle pionnier dans cette nouvelle aventure scientifique et possède des équipes de recherche de premier plan, au niveau mondial, qui travaillent sur l’utilisation de ces nouvelles techniques, il faut souhaiter que notre collectivité nationale continue à consentir un effort budgétaire suffisant pour que nos chercheurs restent demain à la tête de cette nouvelle avancée technologique et médicale.
René TRÉGOUËT
Sénateur Honoraire
Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat
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diram
16/10/2015Monsieur Le Professeur,
Je souffre de la maladie d'accident vasculaire cérébrale depuis sept ans .
Je souhaiterais être pris en charge par la Neuroscience et Science cognitive.
Je suis hémiplégique , je me déplace par une tripode .
Je suis candidat à un traitement dans de courts délais.
Recevez, Monsieur Le Professeur mes salutations cordiales.
Djima
14/02/2016J'aimerai savoir comment participer et bénéficier de ce traitement après un avc hémorragique du cervelet et hémy syndrome cérébelleux gauche et dysarthrie depuis avril 2014 : incoordination des mouvements, difficultés à marcher, manque d'équilibre. Merci
klein jean
3/06/2016Bonjour,
un membre de ma famille,65 ans, a fait un AVC il y a trois mois et demi ,il y a une hémiplégie avec aphasie complète sans récupération .Cela pose des problèmes de communications énormes,car il doit rentrer chez lui dans trois semaines(actuellement hospitalisé) .Etant médecin (biologiste) donc non clinicien ,j'ai lu que certaines équipes avaient des résultats par le biais de stimulations magnétiques transcraniennes.
Si quelqu'un peut m' aider en m'indiquant une marche à suivre ,si elle existe....et explorer éventuellement cette possibilité ,je lui en serais infiniment grè. Dr J.Klein
SIONNET.GUY
23/06/2016Bonjour.
j ai 57 ans et je suis atteint d une AMS type cérébelleux depuis janvier 2014 et difficultés a marcher;
parler, écrire etc.
je suis tombe sur se site et je voudrais savoir si quelqu'un est dans le meme cas que moi et si
cette stimulation est elle possible.
Car la je n en peut plus. merci d avance.