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Sommet de Tunis : la gouvernance de l'Internet, la solidarité numérique et la liberté d'expression dominent les débats
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Les négociateurs du Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI) sont parvenus mardi 14 novembre à un accord sur la gestion de l'Internet prévoyant la création d'un forum international chargé de la gouvernance de la toile. Ce compromis intervient quelques heures avant l'ouverture du SMSI à Tunis et évite une confrontation entre les Etats-Unis -opposés à un transfert de la gouvernance vers une institution internationale telle que les Nations unies- et plusieurs autres pays souhaitant remplacer la structure existante par une entité multinationale placée sous les auspices de l'ONU. Selon David Gross, principal négociateur américain sur l'Internet, l'accord prévoit la création d'un forum international composé de représentants de gouvernements, de la société civile et du secteur privé qui traitera de dossiers tels que les spams ou la cybercriminalité. Le compromis semble toutefois assez flou puisque ce forum n'aura aucune autorité contraignante et agira parallèlement à l'Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (ICANN), une organisation responsable devant le gouvernement américain actuellement en charge de plusieurs questions, dont l'attribution des noms de domaines. La première réunion de ce nouveau forum devrait avoir lieu à Athènes début 2006, a annoncé David Gross. Les négociateurs débattaient de la gouvernance de l'Internet depuis dimanche afin de parvenir à un accord avant l'ouverture le 16 novembre du SMSI.
Le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali a ouvert le sommet au Palais des expositions du Kram (banlieue Nord de Tunis), en présence de plusieurs milliers de représentants de 170 Etats, de la société civile et du secteur privé. "Nous souhaitons que ce sommet soit l'occasion d'un véritable nouveau départ pour une société de l'information juste, équilibrée et solidaire", a déclaré M. Ben Ali. Le choix de Tunis pour tenir cette réunion a été critiqué par des organisations de défense des droits de l'homme qui dénoncent des atteintes à la liberté d'expression, notamment sur l'internet, et aux libertés publiques.
Dès l'ouverture du sommet, l'avocate iranienne Shirin Ebadi, Prix Nobel de la Paix, a condamné, au nom de la société civile, la répression des cyberdissidents et demandé à l'Onu de créer un comité chargé de lutter contre la censure sur le net.
Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a de son côté appelé à la mobilisation générale pour mettre les nouvelles technologies au service des pays pauvres. Selon M. Annan, "les obstacles sont de nature politique plus que financière". Ces appels sont lancés à l'heure où les pays riches rechignent à s'engager dans le Fonds de solidarité numérique lancé à Genève par le président sénégalais Abdoulaye Wade.
L'ONU projette de connecter 800.000 villages à l'Internet d'ici 2015, ayant besoin d'un investissement d'un milliard de dollars, soit 1 % de l'investissement annuel mondial dans la téléphonie mobile, selon l'UIT. Yoshi Utsumi a pressé les gouvernements de répondre aux attentes suscitées par le SMSI, afin d'en faire "un événement historique à même de faire avancer les causes de la dignité, du développement et de la paix dans le monde".
Autre point central de ce sommet : la liberté d'accès à l'Internet et, en corollaire, le respect de la liberté d'expression et d'opinion et des droits de l'Homme. Et ce alors que l'avant-sommet aura vu une importante mobilisation des défenseurs de ces droits contre le régime tunisien, dénoncé pour le harcèlement dont sont victimes opposants et journalistes, dont l'envoyé spécial de "Libération" Christophe Boltanski, passé à tabac dans les rues de Tunis.
En écho aux défenseurs de la liberté de la presse dénonçant le choix de Tunis, M. Annan a estimé que "la société de l'information est impensable sans liberté" et que sans celle-ci "la société de l'information que nous souhaitons bâtir ne verra jamais le jour".". De son côté, le président de la Confédération suisse Samuel Schmid a mis en garde contre une utilisation "à mauvais escient" de ces nouvelles technologies : "elles peuvent conduire les Etats à surveiller leurs citoyens sans respecter leur sphère privée ou leurs droits démocratiques". Et de déplorer que "parmi les individus encore interdits d'accès aux moyens d'information, nombreux le sont pour des raisons politiques".
"Il n'est pas acceptable -et je le dis sans détours- que l'Organisation des Nations Unies compte encore parmi ses membres des Etats qui emprisonnent des citoyens au seul motif qu'ils ont critiqué leur gouvernement ou leurs autorités sur Internet ou dans la presse", a martelé M. Schmid.
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