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Une solution pour contrer le gouffre énergétique d'Internet

Des chercheurs de l’EPFL (Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne) ont mis au point un outil permettant de contrôler et d’économiser l’énergie consommée par les grands centres de données et de traitement informatique. Il a été développé en collaboration avec Crédit Suisse, qui en a équipé l’alimentation de ses racks de serveurs.

Un clic de souris sur son ordinateur, et c’est une cascade d’appareils qui s’enclenchent et une multitude de connexions qui s’activent. Au final, et de clic en clic, c’est une quantité d’électricité de plus en plus importante qui est ainsi consommée. Internet représente actuellement 8 % de l’énergie utilisée annuellement en Suisse, un chiffre qui pourrait rapidement atteindre 15 % à 20 % dans les années à venir.

Afin d’enrayer cette spirale, des chercheurs du Laboratoire des systèmes embarqués (ESL) de l’EPFL proposent une solution permettant de réaliser d’importantes économies d’énergie, «d’au moins 30 %, et pouvant même aller jusqu’à 50 % de ce qui est consommé à l’heure actuelle», estime David Atienza, directeur de l’ESL.

Appelé «Power monitoring system and management (PMSM)», ce nouvel outil offre le moyen de monitorer la consommation électrique d’un centre de données. Il peut aussi être utilisé pour répartir les charges de travail entre les nombreux serveurs informatiques, ces machines qui gèrent les services offerts sur la toile - courrier électronique, partage de fichiers, opérations commerciales, stockage de données.

Il consiste en un boîtier électronique comprenant un ensemble de capteurs. Chacun d’eux peut être connecté soit à l’alimentation des racks, soit directement à l’un des câbles qui alimentent les composants électroniques du serveur. En mesurant en direct le courant qui y passe à un moment donné, il peut ainsi connaître la puissance utilisée, enregistrer ses variations et contrôler que rien ne surchauffe. Toutes ces informations sont transmises à un serveur central ou le logiciel de contrôle du PMSM est exécuté. Compulsées avec d’autres données – telles que température de la salle ou ordre de priorité des opérations en cours -, elles sont traitées, puis mises sous forme de tableaux montrant l’évolution de la consommation d’énergie des serveurs, qui peuvent être consultées à distance et en temps réel.

  • Plus de puissance dans moins d’espace

L’intérêt de cette invention est qu’elle offre une vision d’ensemble précise et inédite de l’utilisation d’un parc de serveurs. De plus, le système peut proposer des reports de charges de travail d’une machine à l’autre, et génère ainsi d’importantes économies d’énergie. «Deux serveurs fonctionnant à 40 % chacun consomment beaucoup plus qu’un seul à 80 %», illustre David Atienza.

Développé à la demande de la société Crédit Suisse, qui cherche à réduire l’empreinte énergétique et économique de ses centres de données, ce nouvel outil a déjà été installé sur l’alimentation des racks comptant quelque 5200 serveurs du grand centre de données de la banque à Zurich. Selon Marcel Ledergerber, responsable de la gestion de ce complexe, la solution proposée par l’ESL est particulièrement intéressante pour l’entreprise, car elle s’inscrit dans un processus de «virtualisation» déjà en cours depuis quelques années. Une évolution qui veut qu’une puissance de calcul informatique toujours plus grande soit progressivement assumée par un nombre de moins en moins élevé de serveurs. «Le PMSM nous permet de concentrer nos machines dans un espace plus restreint, explique-t-il. Les informations précises qu’il nous fournit nous permettent de mieux contrôler les questions de température, et donc de gérer le tout de manière plus sûre.»

EPFL

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