Vivant
- Santé, Médecine et Sciences du Vivant
- Neurosciences & Sciences cognitives
Une signature moléculaire de la déficience intellectuelle
- Tweeter
-
-
0 avis :
La déficience intellectuelle (DI) est un handicap fréquent qui concerne près de 3 % de la population générale mais dont les causes sont encore peu connues. Aujourd'hui, les équipes de Laurence Colleaux de l'unité de recherche "génétique et épigénétique des maladies métaboliques, neurosensorielles et du développement”1 et de Jean Marc Egly de l'"Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire"2 ont identifié une mutation sur un gène impliqué dans la transcription de l'ADN en ARN messager, 1ère étape d’un processus complexe aboutissant à la synthèse des protéines. Cette mutation bouleverse l'expression de gènes essentiels à la plasticité cérébrale, l’ensemble des mécanismes par lesquels le cerveau modifie l'organisation de ses réseaux de neurones en fonction des expériences vécues. Selon l'étude, l'anomalie de ces gènes, dits "précoces", serait une des "signatures moléculaires" de la déficience intellectuelle. Ces résultats sont publiés dans la revue Science datée du 26 aout.
La déficience intellectuelle (DI) est définie comme un « fonctionnement intellectuel général inférieur à la moyenne, qui s’accompagne de limitations significatives du fonctionnement adaptatif». Parmi les DI, les formes dites "non syndromiques" sont caractérisées par une diminution isolée et non progressive des performances intellectuelles. Les chercheurs se sont penchés sur ces formes de déficits car les gènes responsables participent directement aux processus liés aux fonctions cognitives : mémorisation, apprentissage, comportement, etc.
Les équipes de recherche de Laurence Colleaux et Jean Marc Egly, ont identifié une mutation du gène MED23 qui est liée à une DI isolée. MED23 code une des sous-unités d’un large complexe multiprotéique : le Médiateur. Ce complexe est connu pour son rôle dans une étape clé de la régulation de l'expression des gènes : la transcription. Il permet aux facteurs de transcription spécifiques d'un gène de s'assembler pour interagir avec l’ARN polymérase, l'enzyme clé de cette étape.
Au cours de ces travaux, les chercheurs ont démontré que les cellules de patients atteints de DI présentent un défaut d’expression de certains gènes parmi lesquels les gènes "précoces" JUN et FOS. Ces derniers sont impliqués dans l'expression d'une cascade de gènes liés à diverses fonctions cellulaires, notamment au niveau du système nerveux central. Leur activation rapide et transitoire est une étape clé dans le développement et la plasticité cérébrale.
La mutation identifiée conduit à la synthèse d’une protéine MED23 modifiée devenue incapable d’interagir correctement avec les facteurs spécifiques des deux gènes considérés. Par exemple, dans le cas du gène JUN, l’assemblage permettant la transcription est défectueux suite à un mauvais contact entre la protéine MED23 mutée et le facteur TCF4.
"L'étude de patients DI porteurs de mutations modifiant d’autres protéines impliquées dans la transcription, suggère que cette anomalie d’expression des gènes "précoces" puisse être une "signature moléculaire" de ce trouble", explique Laurence Colleaux. Ces résultats apportent donc un nouvel argument en faveur du rôle majeur des anomalies de l’expression génique dans la recherche des causes de déficiences intellectuelles.
Noter cet article :
Vous serez certainement intéressé par ces articles :
Les astrocytes produisent des cellules souches réparatrices
Des chercheurs du Helmholtz Munich ont identifié ici un processus de réparation "naturel" en cas de lésion cérébrale : des cellules spécifiques du cerveau deviennent actives dans ces situations ...
La dopamine permet de sélectionner les événements à mémoriser
Chez les mammifères, la création de souvenirs nécessite que les connexions entre les neurones soient modifiées au sein de l’hippocampe, une structure du lobe temporal. Aujourd’hui, les modélisations ...
Découverte d'un gène impliqué dans l'autisme et l'épilepsie
En comparant des cerveaux humains et simiesques, une équipe du Centre de recherche sur le cerveau et les maladies du VIB-KU Leuven a identifié un gène qui s’exprime uniquement dans les neurones ...
Recommander cet article :
- Nombre de consultations : 179
- Publié dans : Neurosciences & Sciences cognitives
- Partager :