Vivant
- Santé, Médecine et Sciences du Vivant
- Biologie & Biochimie
Sida : reprogrammer les cellules pour contrôler l'infection…
- Tweeter
-
-
0 avis :
Les cellules des rares individus contrôlant naturellement l’infection au VIH sont étudiées depuis près de 15 ans afin de décrypter leurs particularités. Des chercheurs de l’Institut Pasteur, grâce aux cohortes ANRS CO21 CODEX et CO6 PRIMO, ont décrit les caractéristiques des cellules immunitaires CD8 de sujets dits « contrôleurs du VIH ».
Le pouvoir antiviral si particulier de ces cellules est dû à un programme métabolique optimal qui leur permet de persister et réagir efficacement contre les cellules infectées. Partant de ces découvertes, des chercheurs de l'Institut Pasteur sont parvenus à reprogrammer ex vivo des cellules d’individus infectés non-contrôleurs leur conférant le pouvoir antiviral des cellules des contrôleurs.
Certaines personnes réussissent à contrôler naturellement le VIH, sans traitement. Chez ces individus, très rares, (moins de 1 % des personnes vivant avec le VIH), on ne détecte pas de multiplication du virus dans leur sang, en l’absence de traitement pendant plus de 10 ans d’infection. En 2007, les chercheurs de l’Institut Pasteur décrivaient comment leurs lymphocytes CD8 ont une activité antivirale extraordinaire. En effet, les CD8 de contrôleurs parviennent à détruire rapidement les cellules CD4 infectées, contrairement aux cellules CD8 de non-contrôleurs.
Les chercheurs de l’unité VIH, inflammation et persistance à l’Institut Pasteur, ont donc poursuivi leurs recherches pour connaître les caractéristiques précises de ces cellules dans le but de les conférer aux cellules des sujets non-contrôleurs.
D’apparence extérieure les cellules CD8, dites « mémoires », des contrôleurs sont identiques à celles des non-contrôleurs mais les chercheurs ont montré qu’elles ont un programme moléculaire différent. Ils ont décrit que chez les contrôleurs les cellules CD8 anti VIH ont un grand potentiel antiviral mais aussi qu’elles sont programmées pour survivre ; tandis que le programme des cellules des non-contrôleurs les prédisposent à l’épuisement et à la mort cellulaire.
Pour mener leurs activités, les cellules CD8 des contrôleurs utilisent des ressources métaboliques variées et en particulier elles fonctionnent avec l’apport énergétique de leurs mitochondries, bien adapté pour permettre la survie de la cellule dans des conditions de stress.
A l’inverse, les cellules des non-contrôleurs sont dépendantes d’une seule source d’énergie (le glucose) et leurs mitochondries montrent une activité limitée. « Nous avons donc identifié que l’activité antivirale des CD8 des contrôleurs est associée à la mise en place d’un programme optimal qui leur confère une plasticité dans l’utilisation des ressources énergétiques de la cellule », explique Asier Saez-Cirion, coordinateur de l’étude, chercheur au sein de l’unité VIH, inflammation et persistance à l’Institut Pasteur.
Les scientifiques sont alors parvenus dans le laboratoire à stimuler l’activité des mitochondries chez les cellules CD8 anti VIH des non-contrôleurs. Grâce à une substance sécrétée par le système immunitaire, appelée interleukine 15 (IL-15), les cellules de non-contrôleurs récupèrent leur activité mitochondriale et augmentent leur potentiel anti-VIH.
Les cellules CD8 reprogrammées des non-contrôleurs acquièrent ainsi une capacité à détruire les cellules CD4 infectées qui ressemble à celle des cellules des contrôleurs.
« Nos travaux montrent que même si les cellules CD8 anti VIH des non-contrôleurs sont relativement inefficaces, les différences avec les cellules de contrôleurs ne sont pas insurmontables », conclut Asier Saez-Cirion.
La reprogrammation métabolique des cellules immunitaires est une stratégie déjà actuellement en phase d’essais cliniques pour le traitement des cancers. Les chercheurs espèrent pouvoir tester ces stratégies in vivo prochainement pour ces facultés anti-VIH.
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash
Noter cet article :
Vous serez certainement intéressé par ces articles :
La composition du microbiote digestif influence la réponse immunitaire anti-tumorale après une allogreffe de cellules souches ...
L’allogreffe de cellules souches hématopoïétiques (CSH), cellules précurseuses de toutes les cellules du sang, est un des traitements curatifs des cancers hématologiques. Malgré l’efficacité de ...
La restriction calorique intermittente entraînerait des changements positifs dans le cerveau
La restriction calorique intermittente (restriction énergétique intermittente, ou IER) émerge comme une solution alternative à la fois plus saine et plus efficace pour la perte de poids. L’IER ...
Cancer colorectal : une molécule contre la dépendance à la cocaïne se montre efficace...
La vanoxérine semble ainsi en mesure de bloquer la croissance des cellules souches du cancer en modifiant les principaux réseaux de régulation génique, selon les travaux du professeur Yannick Benoit ...
Recommander cet article :
- Nombre de consultations : 0
- Publié dans : Biologie & Biochimie
- Partager :