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SIDA : le chemin vers le vaccin sera encore long

Histoire déjà ancienne dans les pays riches, qui se contentent souvent de promettre leur aide aux pays en développement, le sida frappe de plein fouet les pays du sud, où meurent chaque année 95 % des trois millions d'hommes, femmes et enfants sidéens et où survivent - mal - les neufs dixièmes des 42 millions de personnes actuellement infectées par le virus. Bien qu'une soixantaine d'essais cliniques aient été menés ces dernières années dans le monde pour tester quelque 30 candidats, aucun vaccin n'a encore vu le jour. Sans être sûrs d'aboutir, les chercheurs ne se découragent pas, même si la barre doit être mise particulièrement haut. Compte tenu de la nature de la pandémie, le cahier des charges est particulièrement strict : le vaccin devra être peu coûteux, aisé à prendre, en une prise ou deux maximum, et couvrir le plus largement possible les différentes souches existantes. C'est dans cette optique que s'est développé à l'Institut Pasteur un projet visant à élaborer un vaccin anti-sida à partir du vaccin de la rougeole. Le projet, si les recherches sont couronnées de succès, présenterait l'avantage de bénéficier de la plus large distribution possible puisque ce vaccin fait partie des campagnes de vaccination soutenues par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). De plus, "le vaccin rougeole ayant depuis longtemps prouvé son innocuité et son efficacité, cela laisse présumer qu'un vaccin rougeole recombinant devrait être aussi bien toléré et qu'il aurait également un bon pouvoir immunogène", souligne le Pr Frédéric Tangy, responsable de l'unité des "virus lents" à l'Institut Pasteur. "L'objectif, explique-t-il, est de réaliser un vaccin +recombinant+, c'est-à-dire d'introduire deux à trois gènes du virus du sida dans le génome du virus atténué de la rougeole". Idéalement, les médecins disposeraient alors d'un vaccin mixte anti-sida et anti-rougeole. Les chercheurs ont déjà la preuve - sur des macaques - que ce double vaccin entraîne "une réponse significative" contre le virus du sida. Sur le papier, ce vaccin présente bien des avantages mais aussi un inconvénient: la plupart des adultes étant déjà vaccinés contre la rougeole, il serait essentiellement pédiatrique. Pour tester son efficacité, les chercheurs ont mis en route des expériences infectieuses chez le primate et, si les résultats de ces tests - attendus pour 2004 - sont positifs, un essai clinique sur l'homme sera envisagé. Mais les biologistes se gardent de tout optimisme: "le VIH cumule toutes les difficultés, il est extrêmement variable, les modèles animaux permettant de tester un candidat-vaccin sont plus ou moins performants, et, en plus, même amoindri ou tué, le virus ne peut pas être utilisé pour fabriquer un vaccin car il risque d'être quand même pathogène", rappelle Frédéric Tangy. Et comme il s'agit maintenant d'une maladie qui touche essentiellement les pays du Tiers-Monde - dans bien des cas dénués de presque toute infrastructure médicale - la phase finale des essais qui devra impérativement y être menée risque d'être extrêmement difficile et chère. "Ces essais coûtent des fortunes et, comme l'industrie pharmaceutique consacre 30 fois plus d'argent à la recherche de molécules anti-sida qu'au vaccin, il ne faudra pas compter sur les fonds privés", constate le Pr Philippe Kourilsky, directeur de l'Institut Pasteur de Paris. Et même si les recherches débouchent un jour sur un vaccin, en raison de la variabilité du virus, "il ne sera jamais possible de baisser la garde", ajoute-t-il.

AFP : http://fr.news.yahoo.com/030517/202/37ea5.html

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