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Des scientifiques modifient pour la première fois des gènes d'embryons humains
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Des scientifiques chinois ont annoncé avoir réussi à modifier le génome d’embryons humains. Mais cette découverte fait polémique et la communauté scientifique émet de sérieuses réserves sur cette intervention touchant le génome humain. Cette équipe de chercheurs, dirigée par le généticien de l'Université Sun Yat-sen à Guangzhou Junjiu Huangu, a modifié le génome sur des embryons humains non viables. Les scientifiques ont substitué un "mauvais" code génétique responsable d’une maladie sanguine mortelle pour le remplacer par un "bon".
Cette technique de substitution n’est cependant pas finalisée : seuls 28 des embryons traités (sur 86) ont eu un résultat positif, et de nombreuses mutations "hors cible", anormales, sont apparues sur ces embryons. Cette technique a enfin des conséquences imprévisibles sur les générations futures. "Si nous voulons un jour appliquer cette technique avec des embryons normaux, nous devons d'abord atteindre un taux de réussite proche de 100 % et il y a encore beaucoup de travail pour y parvenir", souligne Huang.
Les chercheurs chinois précisent que leurs expériences ont été menées sur des embryons humains non-viables obtenus auprès de centres de fertilité qui réalisent des fécondations in vitro. Le but de l'expérience a consisté à tenter de modifier un gène responsable d'une très rare maladie génétique du sang, la bêta-thalassémie ou anémie de Cooley. Une pathologie qui se traduit par un ensemble de symptômes tels qu'une modification des os du crâne conférant un faciès mongoloïde, qui apparaît dans l'enfance, un retard de croissance et une anémie microcytaire (globules rouges de petite taille) importante.
C'est par le biais d'une technique d'ingénierie du génome mise au point en 2012, la CRISPR/Cas9, et dont le principe a été découvert par une chercheuse française, Emmanuelle Charpentier, que les scientifiques ont pu intervenir sur ces embryons. Le principe de la CRISPR/Cas9 consiste à programmer une protéine capable de "couper" l'ADN (Cas9) pour permettre de modifier de façon spécifique et à un endroit très précis le génome. Grâce à cet outil, il est possible de cibler n'importe quel gène dans une cellule pour le modifier. Eteindre ou allumer l’expression d’un gène, le modifier, le réparer, l’enlever...
Cette découverte provoque un vif débat éthique dans la communauté scientifique. Les partisans du travail sur le génome humain avancent la possibilité d’en finir avec les maladies génétiques héréditaires, telles que la mucoviscidose. Mais de nombreux scientifiques redoutent les dérives eugénistes, qui pourraient se traduire par la recherche de l'enfant "parfait" à tout prix. A cause de ces problèmes éthiques, cette étude a été refusée par "Nature" et "Science" et c'est finalement le journal "Protein & Cell" qui l'a publiée.
Le scientifique chinois a annoncé pour sa part vouloir poursuivre ses recherches, mais en travaillant notamment sur des embryons d’animaux.
Comme le souligne le Washington Post, "Il s'agit d'une première étape importante mais il ne faut pas la surestimer. La science a un long chemin à parcourir avant que cette technique ne soit applicable sans risques sur des embryons destinés à l'implantation". Mais en dépit de ces réserves, la perspective de pouvoir concevoir des "enfants sur mesure" est à présent devenue inévitable…"
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash
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