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Des scientifiques décodent les signaux cérébraux de la douleur
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La douleur chronique affecte plus de 100 millions de personnes à travers le monde. Ses localisations sont variées, englobant les douleurs lombaires, les migraines, l’endométriose, les tumeurs, etc. L’identification précise du type de douleur à traiter requiert un examen clinique approfondi, s’appuyant généralement sur l’imagerie cérébrale ou les témoignages des patients, basés sur des échelles de référence médicales.
Toutefois, les rapports relatifs à la maladie peuvent parfois être subjectifs et les patients sont souvent mal compris. Cette subjectivité constitue une difficulté majeure dans l’évaluation des cliniciens et l’administration de traitements adéquats. Par ailleurs, les traitements destinés à soulager la douleur chronique sont généralement basés sur des analgésiques, souvent composés de puissants opioïdes. Ces molécules engendrent non seulement de nombreux effets secondaires, mais perdent également en efficacité après une certaine durée de traitement (tolérance médicamenteuse). De plus, les individus prenant ces médicaments sont susceptibles de développer une addiction, rendant leur perception de la douleur encore plus subjective.
Ces scientifiques, affiliés à l’Université de Californie à San Francisco, ont découvert des signaux cérébraux spécifiquement liés à la douleur chronique, radicalement distincts de ceux associés à la douleur aiguë. Cette distinction pourrait expliquer l’inefficacité des analgésiques standards face à cette forme de douleur. « La douleur chronique n’est pas seulement une version plus durable de la douleur aiguë, elle est fondamentalement différente dans le cerveau », souligne Prasad Shirvalkar, neurologue à l’Université de Californie et auteur principal de l’étude, au Guardian. Les signaux récemment découverts pourraient agir en tant que biomarqueurs "objectifs", pouvant potentiellement aboutir à des traitements plus précis et plus efficaces, comme la stimulation cérébrale profonde.
Dans le cadre de cette nouvelle étude, l’équipe de Shirvalkar a implanté chirurgicalement des électrodes chez quatre patients souffrant de douleur chronique réfractaire, suite à un AVC ou à l’amputation d’un membre. Lorsqu’un patient éprouvait une douleur, il devait actionner un bouton de signalisation. Les électrodes transmettaient alors à un dispositif externe les signaux émis par le cortex cingulaire antérieur (ACC) et le cortex orbitofrontal (OFC).
Les volontaires étaient sollicités plusieurs fois par jour pour répondre à un questionnaire concernant l’intensité et la nature de leur douleur, et pour enregistrer leur activité cérébrale pendant 30 secondes. C’est la première fois que l’activité cérébrale sous-jacente à la douleur chronique a été observée en laboratoire. Les enregistrements ont notamment révélé que cet état de douleur est spécifiquement lié à des modifications d’activité au niveau de l’OFC, tandis que la douleur aiguë semble davantage signalée au niveau de l’ACC. Ces données ont permis aux chercheurs de développer un algorithme pour prédire la douleur d’un individu en fonction des signaux émis par son OFC.
Les résultats de l’étude pourraient appuyer les essais cliniques sur la stimulation cérébrale profonde visant à contrôler la douleur chronique. Cette stimulation cérébrale consiste à envoyer des impulsions électriques à certaines régions du cerveau afin de perturber les signaux neuropathologiques. Cette forme de thérapie est également en phase d’essai et s’est révélée partiellement efficace pour soulager les symptômes de la maladie de Parkinson et pour traiter la dépression majeure.
En outre, l’absence de mesures objectives de la douleur chronique entrave sérieusement l’évaluation de l’efficacité des traitements en cours d’essai. L’algorithme développé par les chercheurs californiens pourrait donc constituer un avantage significatif pour cette évaluation. Il convient cependant de garder à l’esprit que le protocole utilisé dans l’étude clinique mentionnée est invasif et ne peut être envisagé qu’en dernier recours. Les électrodes de stimulation doivent notamment être implantées chirurgicalement pour pouvoir agir efficacement sur les signaux nerveux ciblés. De plus, la douleur chronique est un phénomène complexe impliquant de nombreux facteurs (physiques, psychologiques, socioculturels, etc.). Les traitements qui lui sont associés doivent ainsi prendre en compte un grand nombre de variables avant d’être pleinement exploités.
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash
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