RTFlash

Avenir

Un robot flottant pour piéger les microplastiques

Comment s'attaquer au fléau mondial des microplastiques, minuscules morceaux de moins de 5 millimètres provenant de la décomposition d’emballages, de fibres textiles, de filets de pêche… qui flottent sur les mers et les rivières. Afin de contrer cette pollution, une équipe de chercheurs de l’Institut coréen des sciences et de la technologie a mis au point un petit robot flottant, d’environ 0,8 mètre carré, pour retirer en surface les particules. Son outil, constitué d’un tambour à cliquets, utilise la tension de surface de l’eau pour attirer et capturer efficacement les microplastiques, expliquent les principaux auteurs, Moon Myoung-Woon et Kim Seong-Jin. Ce projet, encore à l’état de prototype, devrait, selon les scientifiques, déboucher rapidement sur une version commercialisable, autonome et portable.

Comme souvent, en cheminant, la recherche peut s’écarter de son but initial. Ce n’est en effet pas de microplastiques dont il fut d’abord question. « L’idée qu’un cliquet hydrophile puisse récupérer des substances flottantes provient de travaux sur la récupération de pétrole que nous avons menés avec la garde côtière de Corée, à partir de 2016 », racontent les auteurs. Dans ce projet, les scientifiques avaient découvert que, pour arriver à leurs fins d’écrémage, « contrôler le comportement de l’eau, notamment sa tension de surface et son écoulement, était bien plus efficace que de compter sur les propriétés du pétrole lui-même ».

L’incendie d’un porte-conteneurs au large du Sri Lanka, en mai 2021, avec pour conséquence le déversement de tonnes de granulés de plastique dans l’océan Indien, va orienter les scientifiques sur cette autre pollution. Depuis cette date, le laboratoire coréen affine son approche et son prototype : « Les billes sont désormais aspirées par la “force capillaire”, tel un aspirateur spécial qui utilise la tension de surface de l’eau pour attirer les micro-éléments ».

Pour Frédéric Moisy, enseignant-chercheur en mécanique des fluides à l’université Paris-Saclay, ce principe de collecte est astucieux. « Cette recherche a le mérite d’aborder ce problème avec une méthodologie très fondamentale, en faisant appel à des “polluants modèles” sphériques aux propriétés physiques bien contrôlées et en modélisant physiquement l’attraction capillaire ». Par ailleurs, ajoute-t-il, « les chercheurs ne négligent pas les difficultés pratiques liées à la collecte en milieu naturel, comme l’aspect rugueux, polydispersé ou endommagé des microplastiques et la présence en surface de polluants physiques ou biologiques, de l’huile, des surfactants, du plancton ». Selon l’expert, cet outil peut constituer une piste intéressante pour traiter des pollutions dans des environnements concentrés, portuaires ou côtiers, ou pour intervenir lors d’accidents comme des largages accidentels. 

Le Monde du 10.01.2025 : https://www.lemonde.fr/sciences/article/2025/01/10/un-robot-flottant-pour-ecumer-les-microplastiques_6491123_1650684.html

Noter cet article :

 

Vous serez certainement intéressé par ces articles :

Recommander cet article :

back-to-top