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Un robot-caméléon qui change de couleur en temps réel

La bête à la silhouette primitive avance lentement. Sa carapace orange se confond avec le revêtement de sol orangé. Puis ce revêtement devient vert et l’animal se teinte en vert. Un dernier carré de sol bleu, et la peau prend la même couleur. L’animal a tous les attributs du caméléon, sauf qu’il ne s’agit pas d’un reptile mais d'un robot de l’Université nationale de Séoul (Corée du Sud).

Développée par une équipe du laboratoire de sciences thermiques appliquées de la faculté de génie mécanique, la machine est bel et bien une réplique grossière de caméléon, dont la peau synthétique a la faculté de prendre la couleur de l’environnement avec lequel le robot est en contact. Surtout, et c’est une performance, le phénomène se déroule en temps réel. Lorsqu’il passe d’une surface au sol à une autre, le corps de l’engin est momentanément divisé en deux couleurs, la nouvelle teinte progressant sur la peau à mesure que le robot avance.

Tout l'appareil, composé de sept éléments articulés de sa tête à sa queue, est recouvert de trois couches de matériaux formant un genre de peau artificielle d’écrans souples, comme ceux des tablettes de papier électronique flexible. La couche externe est faite de cristaux liquides thermochromiques, c’est-à-dire dont la couleur est déterminée par la température qui leur est transmise.

En-dessous, une encre noire sert à atténuer certaines ondes lumineuses. Elle permet aussi que la couleur externe du caméléon soit plus vive et que la correspondance avec celle de l'environnement soit le plus affirmée possible. Sous cette surface d’encre noire, des nanofils d’argent passifs générateurs de chaleur sont insérés dans un film polymère incolore capable de rester stable sous l’effet de la chaleur (un polyimide). Le robot est en effet branché électriquement. Quand il est hors tension, et que les nanofils de métal ne reçoivent pas d’électricité, la peau a la couleur de la surface d’encre noire.

Cette peau intègre des capteurs de couleurs. « Ils se situent sous le corps du caméléon afin de capter l’information locale sur la couleur de l’arrière-plan en temps réel » précise à Sciences et Avenir Sukjoon Hong, l’un des auteurs de l'article. L’information en question est l’intensité lumineuse dans le spectre rouge-vert-bleu.

L’intensité lumineuse ainsi détectée est transmise aux nanofils qui s’activent et génèrent une chaleur agissant, elle, sur les cristaux liquides. Selon la température, ceux-ci vont prendre telle ou telle couleur. « Un large champ du spectre visible peut être traité par le système en l’état actuel », continue Sukjoon Hong, « mais cela exige un contrôle exact et précis de la température ». Le robot ne se limite pas à prendre des teintes unies, comme sur la vidéo, mais peut arborer des camouflages plus complexes : placé au milieu d'herbes vertes et de fleurs rouges, il s'avère à peine visible, sa peau striée de motifs rouge et vert en accord avec l'environnement.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Sciences et Avenir

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