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Révolutionner la production d’électricité avec l’énergie de la houle

Jean-Luc Stanek n’hésite pas à parler de "rupture technologique" dans le monde des énergies renouvelables. Président fondateur de la start-up Hace, abréviation de Hydro Air Concept Energy, l’inventeur girondin vient de prouver, après trois mois de test en mer, que son houlomoteur est capable de produire de l’électricité avec l’énergie de la houle. Même avec une onde de quelques centimètres, la machine en forme de ponton flottant génère de l’électricité.

« Tout le monde, dans l’univers du houlomoteur, a toujours voulu valoriser l’énergie des grosses vagues. Nous, on fait l’inverse. Notre technologie fonctionne avec des houles très faibles qui sont les plus fréquentes, tout comme avec des vagues chaotiques. C’est l’énorme différence car le gisement est inépuisable », présente Jean-Luc Stanek, président fondateur de la start-up Hace, dans ses bureaux de Martillac. La turbine ultra-performante a été mise au point par les ingénieurs du laboratoire de l’Ensam de Bordeaux.

Sûr de sa technologie, l’ancien dentiste passé par Santé navale s’est mué en spécialiste des énergies marines. Il assure que son invention multirécompensée supplante toutes les énergies renouvelables, à commencer par l’éolien et le solaire. Que ce soit en termes de coût, estimé à moins de 30 euros le MWh, de bilan carbone et de garantie de production avec un facteur de charge compris entre 50 % et 92 % selon les conditions météo. Mais aussi, et ce n’est pas un détail, en termes de pollution visuelle. Avec une hauteur de 2,5 m au-dessus de l’eau, le houlomoteur Hace est « invisible au large sur la ligne d’horizon ».

Forts de ces résultats, Jean-Luc Stanek et ses solides associés viennent de lancer une nouvelle levée de fonds d’environ 20 millions d’euros pour passer du stade expérimental au stade industriel. L’objectif est de financer une première unité de houlomoteur à l’échelle standard d’une puissance nominale de 1 MW et de faire sortir de terre une première usine pour répondre aux précommandes de clients qui croient au potentiel de la machine.

Le système Hace, pensé il y a plus d’une quinzaine d’années par Jean-Luc Stanek, est basé sur le principe élémentaire de la poussée d’Archimède. L’énergie de la houle est ainsi récupérée verticalement, dans des colonnes d’air de 2 mètres de haut. Ces colonnes oscillantes sont mises sous pression par le clapot de la surface de l’eau qui monte et descend à l’intérieur, un peu comme une pompe à vélo en action. À chaque poussée, l’air comprimé dans les colonnes s’échappe par des soupapes unidirectionnelles et vient mettre en surpression un grand caisson au-dessus. Cet air comprimé actionne des turbines ultrasensibles qui produisent de l’électricité. Le mouvement ne s’arrête quasiment jamais.

La théorie avait déjà été validée en 2018 lors d’une première expérimentation au large de La Rochelle. Hélas, le prototype qui avait mobilisé prés de 1 million d’euros de financement (dont 190 000 euros de la Région) avait fini au fond de l’océan après avoir été percuté par un bateau. Mais déjà, à l’époque, l’expérience avait montré que les soupapes s’actionnaient avec 20 centimètres de houle seulement. Cinq années plus tard, le démonstrateur mis à l’eau en avril au large du Croisic a permis « de valider le principe de fonctionnement général du système Hace, tant sur la production d’électricité que sur son comportement en mer et sa résistance après avoir essuyé deux tempêtes ». Ce "mini Hace" constitué de deux caissons de 12 mètres disposés en T a été construit à l’Eurêkapole de la Communauté de communes Montesquieu, à Martillac (33), siège de l’entreprise.

Le prototype a été équipé de nouvelles turbines ultrasensibles mises au point par le laboratoire de l’école d’ingénieur Arts et Métiers de Bordeaux (Ensam). « Nos tests sur banc d’essai ont battu tous les records. Notre turbine produit de l’électricité à partir de 2 millibars de pression seulement. Elle permet de valoriser l’énergie produite par la moindre houle », se félicite Jean-Luc Stanek.

L’objectif est maintenant de construire un houlomoteur de taille standard, soit 210 mètres de long sur 6 mètres de large, d’une puissance nominale de 1 MW. Une seule unité serait en mesure de produire entre 4 et 8 GWh par an, selon la zone géographique. Hace nourrit aussi de grands espoirs dans un projet de production d’hydrogène vert en associant son houlomoteur à un électrolyseur. La station permettrait d’approvisionner les bateaux à hydrogène directement en mer. Après des années de recherche et développement, l’entreprise de Martillac ne cache pas son ambition de devenir « un acteur majeur sur le marché mondial de l’énergie décarbonée », vise Jean-Luc Stanek.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Sud Ouest

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