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Redécouverte du camp d’entraînement des troupes de Louis XIV dans la vallée de la Seine

Une équipe d’archéologues de l’Inrap fouille, dans la plaine d’Achères (Yvelines), le fort Saint-Sébastien, camp d’entraînement des troupes de Louis XIV en vue de la prise de Maastricht. Ces fouilles prescrites par l’État (Drac Ile-de-France), et réalisées par l’Inrap pour le SIAAP (Syndicat Interdépartemental pour l’Assainissement de l’Agglomération Parisienne) sont un préalable à la modernisation des installations du syndicat. Les 28 hectares fouillés portent sur la totalité du front d’attaque sud du fort.

  • Louis XIV et le fort Saint-Sébastien, ou l’art de la guerre

Édifié en 1669, le fort Saint-Sébastien est un quadrilatère de 600 m sur 380 m. Il s’agit d’une fortification de terre, avec fossés, talus et palissades, permettant de simuler le siège et la prise de places fortes. Les impressionnants fossés du fort mesurent 7 m de large et 3 m de profondeur. Ils sont dotés de bastions d’angles et de redans flanquant les entrées. Le talus interne (escarpe) est revêtu d’une remarquable maçonnerie de briques d’argile crue. Ce mode de parement, présent sur toute la longueur de l’escarpe, est surtout destiné à absorber le choc des boulets de canon. Les zones d’exercice se caractérisent par de complexes réseaux de tranchées d’approche, technique d’attaque systématisée par Vauban, et utilisée à grande échelle lors du siège de Maastricht en 1673.

Le fort Saint-Sébastien constitue à ce jour une découverte inédite. Ce fort est en effet un exceptionnel témoin de la poliorcétique, l’art du siège, de la deuxième moitié du XVIIe siècle, un sujet qui n’avait encore jamais été appréhendé, en France, par l’archéologie. Cette période est aussi une époque importante dans l’histoire de l’art de la guerre. Elle marque une transition dans l’histoire militaire française avec les prémices d’une armée de métier où, pour la première fois, les soldats sont recrutés et non plus enrôlés, sont dotés d’uniformes, soldés et entraînés.

  • D’Achères… à la prise de Maastricht

Durant deux ans, le fort Saint-Sébastien accueille jusqu’à 30 000 soldats à la manœuvre. Les archéologues exhument les zones de campement et de cantonnement des troupes, matérialisées à l’intérieur du fort, par des alignements de bâtiments, celliers, puits et foyers. L’abondant mobilier contenu dans les structures (céramique, restes de faune, verre, dés à jouer, pipes en terre cuite…) révèle les modes de vie et d’alimentation des soldats et les types d’approvisionnement de l’armée royale.

Toutes ces découvertes témoignent de la vie quotidienne des soldats et de l’organisation sociale et spatiale d’une communauté militaire très hiérarchisée où cohabitent fantassins, gendarmes, cavaliers, mousquetaires…

Confrontées aux abondantes archives textuelles et iconographiques, les données archéologiques permettent déjà d’établir deux phases d’occupation, matérialisées par deux organisations spatiales différentes  et cela malgré la courte existence du fort. En août 1670, les troupes de Louis XIV, bien entraînées, lèvent le camp et partent en campagne. Le fort Saint-Sébastien est alors arasé, les terres remises en culture en 1671. Les soldats ayant séjourné à Achères sont ceux qui, au côté de Charles de Batz-Castelmore, comte d’Artagnan, combattent pendant la guerre de Hollande (1672-1678) et s’illustrent, en 1673, par la prise de Maastricht en un temps record alors qu’il faut ordinairement plusieurs mois pour une telle opération militaire.

Inrap

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