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Recycler la terre d'excavation en isolant pour l'habitat

A la Colle-sur-Loup près de Nice, le thermomètre grimpe à 40 degrés les après-midi d'été. Mais Michel Daniel est sûr que ses maisons préfabriquées en panneaux de bois remplis d'un béton de terre, une première, se passeront de climatisation. Faites de bois, de terre et d'un peu de béton, les trois maisons, en cours de construction, tentent de conjurer les effets du réchauffement autour de la Méditerranée avec des matériaux du passé, la science du bâtiment du présent, et des techniques numériques d'avenir. « Ce qui est important, c'est la science de la terre qu'on a développée » dit M. Daniel, directeur aménagement durable du groupe de matériaux Saint-Gobain.

Au lieu d'un isolant classique, il mise sur la terre d'excavation, un déchet recyclé issu des grands chantiers du bâtiment ou des travaux publics, pour renforcer l'inertie thermique des maisons préfabriquées. En se basant sur une connaissance ancestrale des pays du Sud : la terre stocke la chaleur et protège les habitants des températures trop élevées. Sur le chantier, un panneau de bois de 2,5 mètres sur un mètre est lentement hissé par une grue au premier étage d'une des trois maisons. Emboîté, ajusté, le panneau est fixé comme un jeu de construction géant. La maison, conçue numériquement, est bâtie en quelques jours, au lieu de plusieurs semaines sur un chantier classique.

Dans cette ville en zone climatique H3, la plus chaude de France qui court sur tout le pourtour méditerranéen, l'utilisation de terre dans les murs a un triple objectif : recycler un déchet naturel en luttant contre la pénurie d'autres ressources -le sable devient difficile à trouver-, lutter contre les effets du réchauffement climatique, et réduire les émissions de CO2 du bâtiment, explique M. Daniel. « Dans ce projet, on diminue légèrement les émissions de CO2, le plus important c'est le détournement de la matière première primaire », précise-t-il. Ici, les secousses sismiques sont fréquentes. Le béton armé, mal aimé des climatologues en raison des émissions de CO2 massives du ciment classique, reste requis pour les fondations du bâtiment.

Depuis l'extérieur, la terre, on ne la voit pas. Elle est enchâssée dans les panneaux fabriqués sur mesure dans l'Isère chez un charpentier, au pied du massif de la Grande Chartreuse. Le béton de terre est composé de terre d'excavation, de copeaux de bois, d'eau et d'un liant formulé dans une filiale de Saint-Gobain, issu du recyclage : un “laitier” de sidérurgie, soit un déchet des hauts fourneaux qui produisent l'acier. Son bilan carbone est meilleur que celui du ciment classique. « C'est comme un colombage, technique déjà utilisée au Moyen-Age, qui marie le bois et la terre, mais en version 4.0 », résume M. Daniel. Le toit posé, les maisons seront classiquement isolées contre le froid par une couche de laine de verre. Puis recouvertes d'un enduit. Elles ressembleront à tous les pavillons provençaux de ce coin de Côte d'Azur.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Science et Avenir

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