Recyclage : des microbes capables de digérer le plastique ont été trouvés dans les Alpes et en Arctique
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Les micro-organismes sont capables de grandes choses. Des scientifiques suisses ont découvert une trentaine de souches de bactéries et de champignons capables de digérer les plastiques, en étant dans des environnements plus tempérés que d’ordinaire. La culture d’organismes capables d’une telle prouesse n’est pas nouvelle et constitue même une activité commerciale importante. Mais ces derniers fonctionnent généralement avec des températures supérieures à 30°C. Résultat, le chauffage nécessaire à leur travail reste coûteux et n’est pas neutre en carbone. Ici, les scientifiques ont découvert des souches capables de le faire à 15°C seulement.
La recherche de microbes adaptés au froid et dont les enzymes fonctionnent à des températures plus basses était donc au cœur des préoccupations de ces scientifiques de l’Institut public de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) en Suisse. Des scientifiques annoncent avoir trouvé ces micro-organismes à haute altitude dans les Alpes suisses ou dans les régions polaires. « Ces organismes pourraient contribuer à réduire les coûts et la charge environnementale d’un processus de recyclage enzymatique du plastique », commente le microbiologiste Joel Rüthi, qui a participé à l’étude.
Une fois ces microbes prélevés dans les Alpes et régions polaires, les scientifiques se sont attelés à tester leur capacité d’ingestion de différents matériaux. Si aucune souche n’a pu digérer de polyéthylène (PE) non biodégradable (le plastique le plus répandu au monde), 56 % d’entre elles ont pu assimiler du polyester-polyuréthane biodégradable. D’autres s’en sont prises à deux mélanges biodégradables disponibles dans le commerce. « Nous avons été très surpris de constater qu’une grande partie des souches testées était capable de dégrader au moins l’un des plastiques testés », a déclaré Joel Rüthi.
On sait désormais que les champions de la digestion de plastique sont deux champignons, capables d’assimiler tous les plastiques testés, à l’exception du PE. Les résultats ont également montré que la capacité à digérer le plastique dépendait du milieu de culture pour la plupart des souches, chacune réagissant différemment aux milieux testés. Les scientifiques n’en sont qu’aux prémices de cette étude, n’ayant testé la digestion qu’à 15°C. Pour la suite, l’objectif est de connaître la température optimale à laquelle les enzymes des souches retenues fonctionnent.
Les différents types de plastique n’existant que depuis les années 1950, les bactéries et champignons présents dans la nature n’étaient pas prédestinés à pouvoir les dégrader. Mais ces espèces ont évolué. « Les microbes produisent une grande variété d’enzymes dégradant les polymères et participant à la décomposition des parois cellulaires des plantes », détaille Beat Frey, principal auteur de l’étude. Il cite « les champignons phytopathogènes » comme les principaux « biodégradant » des polyesters.
Selon le scientifique, « le prochain grand défi consistera à identifier les enzymes de dégradation du plastique produites par les souches microbiennes et à optimiser le processus pour en obtenir de grandes quantités ». Révolutionner le recyclage du plastique à l’aide de ces microbes n’est pas prévu pour demain, d’autant que le principal plastique utilisé, le PE, reste encore épargné.
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash
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- Publié dans : Vivant Santé, Médecine et Sciences du Vivant
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