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Rapport alarmiste sur le système de santé français

Le système de santé français, faute de "réforme profonde", verra son existence mise en cause au-delà de 2010, selon un rapport publié sous l'égide de la Mutualité française. Dans leur Carnet de santé de la France 2000-2002, Jean de Kervasdoué, professeur d'économie de la santé au Conservatoire national des arts et métiers, et Rémi Pellet, maître de conférence à l'IEP de Paris, estiment qu'"il sera difficile, sans réforme profonde, de traîner le système actuel au-delà de 2010". Les auteurs du rapport pronostiquent en effet que c'est à cette période que "les conséquences du départ à la retraite de la génération du baby-boom se feront sentir" sur les comptes de la Sécurité sociale, et prévoient "plus une rupture qu'une continuité". Soulignant que la France jouit d'une liberté "unique au monde" d'accès aux soins et d'un fort degré "d'équité financière" depuis notamment l'instauration de la couverture maladie universelle (CMU), le rapport note qu'elle se situe, "quels que soient les critères retenus, dans les tout premiers pays du monde pour ce qui est de la santé de ses citoyens et la qualité de sa médecine". Mais cela au prix d'un "financement des soins non maîtrisé surtout pour ce qui concerne les soins de ville". Les auteurs estiment qu'on ne pourra "longtemps accepter politiquement et économiquement un système non régulé qui bafoue toutes les instances concernées" (gouvernement, Parlement, caisses d'assurance-maladie, services de l'Etat). En tout état de cause, prédisent-ils, le financement des retraites rendra "ces dérapages financièrement insupportables" à partir de 2007-2008. Le rapport diagnostique, quoi qu'il en soit, une "mort clinique" de l'assurance maladie, entendant par là non la "fin du financement collectif des dépenses de soins, mais la fin d'une institution" devenue "trop onéreuse" pour les fonctions qui lui sont dévolues. Il juge peu rationnel de "conserver un système de remboursement des feuilles de soins, alors qu'il est onéreux et que le tiers payant existe". De façon générale, les auteurs plaident pour une transparence du financement. Jean de Kervasdoué et Rémi Pellet s'inquiètent, en outre, des conditions d'exercice de la médecine, soulignant l'effet du baby-boom, "considérablement amplifié dans la profession médicale". Le pronostic est pessimiste : le manque d'anesthésistes, psychiatres, obstétriciens, chirurgiens, conduira "à la fermeture de nombreux services voire d'établissements hospitaliers". Enfin, le rapport déplore la prolifération des textes au nom d'un contrôle de qualité sans cesse rehaussé, et les effets pervers d'"une réglementation trop tatillonne", inobservable.

Le Monde :

http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3226--268420-,00.html

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