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La puce s'arrache mais ne décolle pas
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Le silicium, sable à l'état pur, est à l'origine de tout: d'une nouvelle croissance, voire d'une nouvelle économie. Sans lui, les chimistes ne pourraient pas fabriquer ces longs cylindres noirs utilisés par l'industrie des semi-conducteurs. A priori, sur les marchés, cette matière première devrait donc connaître une flambée de son prix. Car de la régulation d'une plaque vitrocéramique à la gestion d'un ordinateur en passant par la télévision ou le téléphone portable, les puces envahissent notre quotidien. Et pourtant, le prix du silicium n'augmente pas. "Au contraire, constate Philippe Chalmin, responsable du rapport Cyclope (1), son prix est plutôt orienté à la baisse. La forte augmentation de la demande de puces ne se traduit pas par une forte augmentation de la demande de silicium. Chaque année depuis 1993, l'industrie des semi-conducteurs utilise à peu près la même quantité de silicium." On produit de plus en plus de microprocesseurs, mais ils sont de plus en plus petits.... En fait, que ce soit dans l'industrie automobile, dans l'aéronautique ou dans l'informatique, les puces sont considérées comme une matière première. Il n'existe pas encore de Bourses où soient cotées ces minuscules plaques, mais rien ne l'interdirait. "Le prix des puces se forme comme celui d'un baril de pétrole, par un ajustement entre l'offre et la demande. Avec la même instantanéité que pour une matière première classique, le prix d'un type de puces peut devenir inférieur à son prix de revient. Tout dépend de l'état du marché à un moment précis", ajoute Philippe Chalmin. Après la crise asiatique, ce marché a renoué avec la croissance. Une longue vague d'expansion qui, selon la plupart des experts, devrait porter l'industrie à 300 milliards de dollars en 2003, contre 126 milliards de dollars en 1998. Il n'y a pas eu d'inflation du prix, malgré la forte reprise. Et pour cause, répondent les spécialistes, car la loi Moore continue de régir le monde de la microélectronique. Cette loi, du nom d'un des fondateurs d'Intel, numéro un mondial du secteur, tient en deux constatations. La première veut que sur une même surface de silicium, le nombre de transistors qui détermine le nombre d'opérations réalisées à la seconde par la puce double tous les dix-huit mois. La seconde, c'est que le prix de la puce baisse d'environ 30 % par an. C'est pourquoi, aujourd'hui, le prix moyen d'une puce est d'environ 0,5 dollar seulement (4 F)! "Grâce aux progrès technologiques, on peut espérer que cette matière première qu'est la puce ne connaisse pas une forte hausse de son prix moyen, même si sa demande reste en forte augmentation", estime Jean-Philippe Dauvin. Une demande qui ne risque pas de s'essouffler. Durant près de deux décennies, c'est surtout l'industrie du PC qui a dopé les carnets de commandes des fabricants de semi-conducteurs. Intel, NEC, Toshiba, Samsung, Motorola, IBM... ont profité de la diffusion de masse de l'ordinateur domestique. Mais aujourd'hui, une nouvelle ère s'ouvre pour les fournisseurs de puces: les composants de silicium se portent de plus en plus sur des marchés plus larges. Aux commandes de l'expansion, la téléphonie mobile - avec 400 millions de postes vendus - remplace le PC qui les avait fermement tenues pendant quinze ans. Et le numérique grand public (DVD, TV...) va entamer la technologie analogique avant d'être, aux alentours de 2005, le nouveau grand foyer d'expansion.
Libération : http://www.liberation.com/quotidien/semaine/20000516marza.html
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