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Une prise de sang peut désormais détecter la maladie d’Alzheimer
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C’est une avancée majeure : une équipe du CHU de Montpellier peut désormais détecter la maladie d’Alzheimer par simple test sanguin, et ce, jusqu’à dix à quinze ans avant les premiers symptômes. Patiemment, le Professeur Sylvain Lehmann, responsable du laboratoire de biochimie et protéomique clinique au CHU de Montpellier (Hérault) décolle, l'un après l'autre, plusieurs Post-it adhésifs et les assemble sur son bureau. À l'aide de crayons rouges et bleus, celui qui dirige l'un des laboratoires d'excellence de la recherche française sur les pathologies neurodégénératives y dessine avec soin le mécanisme utilisé par l'une des machines qu'il vient d'acheter pour repérer dans le sang des anticorps produits par une protéine caractéristique de la maladie d'Alzheimer. À ses yeux émerveillés, on dirait un enfant s'apprêtant à recevoir le plus beau des cadeaux à Noël.
De l'autre côté du couloir, parmi les machines qui ronronnent tranquillement, cet appareil est particulièrement révolutionnaire : depuis début septembre, il établit, à la suite d'une simple prise de sang, le bilan sanguin de patients reçus à l'hôpital pour savoir s'ils sont atteints de la maladie. Une première en France. Et pourtant, avec ses airs de grosse photocopieuse au rythme robotique, on ne dirait pas qu'elle représente à elle seule un bouleversement dans le diagnostic précoce d'Alzheimer.
Si des tests sanguins sont récemment apparus aux États-Unis, l'équipe du Professeur Lehmann a considérablement affiné ces derniers, en identifiant le biomarqueur p-tau217, très fiable car détectable dans des quantités infinitésimales. « Nos analyses de sang permettent de compléter le diagnostic des médecins et autoriseront sans doute un jour à se passer de la batterie d'examens dont ils ont besoin aujourd'hui », se félicite le Professeur Lehmann avec son sourire bonhomme et confiant. Cette avancée majeure a été possible grâce à la collaboration étroite avec le Centre mémoire de ressources et de recherches (CMRR) de Montpellier, l'un des 266 existants en France, abrité dans les bâtiments voisins du CHU. « La prise de sang désormais proposée à nos patients permet de savoir rapidement et précisément s'ils souffrent ou non de la maladie, ou d'une autre forme de démence », précise le Docteur Cédric Turpinat, neurologue au CMRR.
Surtout, un prélèvement sanguin est beaucoup moins invasif que les examens prescrits jusqu'alors. Depuis l'apparition de l'imagerie médicale, on repère la maladie au moyen de la tomographie par émission de positons, de l'imagerie par résonance magnétique (IRM) et d'une ponction lombaire. Mais ces examens demeurent lourds et onéreux. « On ne peut pas les proposer à des patients aux troubles suspects, mais relativement légers », souligne le Docteur Turpinat. C'est en 2020 que le Professeur Lehmann et son équipe ont identifié l'un des biomarqueurs caractéristiques de la maladie d'Alzheimer. Cette dernière se caractérise en effet par deux types d'atteintes : l'accumulation de "plaques" dites amyloïdes, formées par la protéine du même nom, qui perturbe la communication des neurones ; et les dégénérescences neurofibrillaires issues d'une autre protéine, appelée tau, qui altère le fonctionnement de ceux-ci.
Grâce à une machine unique en France – le spectromètre de masse –, le professeur est parvenu à repérer un biomarqueur spécifique d'Alzheimer : le fameux p-tau217. Ce dernier est même devenu le biomarqueur le plus recherché dans les analyses, car il permet aussi de prédire l'évolution de l'accumulation des protéines. Et c'est là la deuxième avancée majeure : le bilan sanguin pratiqué à Montpellier révolutionne le parcours médical lié à la maladie : « La prise de sang sait mettre en évidence sa présence dix à quinze ans avant l'apparition des symptômes », précise le Professeur Lehmann. Or « une prise en charge précoce s'avère cruciale pour engager très vite des thérapies spécialisées et adaptées au stade de la maladie », ajoute le Docteur Turpinat.
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash
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