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Première publication du génome du charbon
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Le bacille du charbon, utilisé dans des attaques bioterroristes qui ont fait cinq morts aux Etats-Unis à la fin 2001, a été décodé par des chercheurs américains, permettant d'établir l'anatomie de ce tueur pour mieux le combattre et remonter la piste des attentats. Les chercheurs, qui ont publié leurs résultats dans la revue Science, ont comparé le bacille du charbon utilisé pour contaminer du courrier en Floride avec la famille la plus courante de la bactérie, la souche Ames. Ils confirment que le charbon utilisé en Floride émane de la souche Ames, mais précisent qu'il comporte les traits de la bactérie isolée sur une vache au Texas en 1981. A l'époque, cette substance isolée avait été envoyée au laboratoire de l'armée américaine de Fort Detrick (Maryland) à des fins de recherche. Les petites particularités au sein de l'ADN de la bactérie du charbon utilisée dans la contamination de Boca Raton (Floride) constituent "les empreintes digitales génomiques" de cette bactérie, estiment les scientifiques de l'Institut pour la recherche génomique (TIGR) de Rockville (Maryland) qui ont mené l'étude, en collaboration avec des chercheurs de l'Arizona et de Grande-Bretagne. Ils ont transmis leurs résultats aux agents du FBI (sûreté fédérale) qui enquêtent sur l'ensemble des d'attentats au courrier piégé contenant la bactérie entre le 5 octobre et le 21 novembre, qui visaient des personnalités du monde politique et des médias. Les soupçons portent en priorité sur un ou plusieurs scientifiques du pays. Le séquençage du génome de la bactérie utilisée permettra désormais aux enquêteurs de la reconnaître et d'identifier ses variants, si un nouvel attentat au charbon devait être perpétré aux Etats-Unis ou ailleurs, selon les chercheurs.La connaissance du génome de la bactérie dans sa totalité aidera aussi les scientifiques dans la mise au point d'un vaccin et de moyens de détection rapide de l'infection qui, si elle n'est pas traitée par antibiotique, provoque généralement la mort.Une comparaison du génome de la bactérie retrouvée en Floride avec celui du bacille de la souche Ames dont le décodage avait été entrepris par une équipe de chercheurs à Porton Down (Grande-Bretagne) depuis 1999, a permis d'identifier 60 nouveaux marqueurs génétiques utiles pour distinguer l'origine de futurs attentats ou épidémies. Timothy Read, qui dirige la recherche sur le charbon au TIGR, prévoit de réaliser le séquençage d'au moins 14 autres souches ou isolats du Bacillus anthracis sur l'année à venir, en coopération avec le centre de recherche de l'Université de l'Arizona à Flagstaff qui détient déjà une bibliothèque de 1.200 isolats (substances isolées) du bacille. "Construire une banque de données détaillée de génomes des agents pathogènes importants permettra aux chercheurs d'identifier l'isolat le plus proche de la souche d'une nouvelle épidémie. Une telle banque de données accélèrerait considérablement l'enquête et pourrait décourager des attaques futures", écrivent les scientifiques. M. Read et son équipe prévoient de publier la séquence intégrale du génome du bacille du charbon dans une revue scientifique d'ici la fin 2002 car "la séquence génomique va doper les efforts pour mettre au point de nouveaux vaccins, médicaments et méthodes de dépistage", a estimé le professeur. Ce chercheur du TIGR voit dans le séquençage du charbon "un modèle de la façon dont la génomique peut être utilisée pour étudier les bactéries pathogènes". Une partie de la séquence génétique et d'autres informations sur le bacille du charbon sont publiées sur le site de institut (www.tigr.org), organisation à but non lucratif fondée en 1992, qui avait réussi le séquençage du génome complet du premier organisme vivant dès 1995.
Science du 9-05-2002 :
http://www.sciencemag.org/cgi/content/summary/296/5570/1002
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