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Prédire le développement d’une tuberculose en analysant l’ARN

Les objectifs de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour la tuberculose sont, d’ici 2035, de réduire le nombre de décès de 95 % et le nombre de nouveaux cas de 90 %. Pour parvenir à ces résultats, il faudrait disposer de nouveaux tests diagnostiques pour prévenir l'émergence d'une tuberculose active parmi les personnes atteintes d’une infection tuberculeuse latente (ITL).

En effet, on considère qu’un tiers de la population mondiale (soit 2 milliards d’individus) est infecté par le bacille de la tuberculose, dont 5 à 10 % vont évoluer vers une tuberculose maladie. Comme il n'est pas possible de traiter tous les sujets de la planète porteurs d'une ITL, l’identification de marqueurs du risque de passage de l’infection latente à la tuberculose maladie, permettant une intervention thérapeutique plus ciblée, serait donc très utile dans la lutte anti-tuberculeuse.

Dans cette optique, un groupe d’investigateurs d’Afrique du Sud a étudié l'expression de l'ARN sanguin chez des sujets avec ITL afin de déterminer un profil génomique signalant le développement d’une infection active.

La première cohorte prospective est constituée d’adolescents sud-africains âgés de 12 à 18 ans, dépistés par détection d’interféron gamma ou par intra-dermo réaction à la tuberculine. Seuls les adolescents atteints d'une infection tuberculeuse latente ont été inclus dans l'analyse. Une signature prospective du risque de tuberculose maladie a été établie à partir des données de l'ensemble du séquençage de l'ARN sanguin des jeunes qui ont développé la maladie en le comparant avec le profil de l’ARN de ceux restés en bonne santé (témoins appariés).

Après cette première démarche, les marqueurs ARN identifiés ont été testés dans des cohortes indépendantes d’adultes d'Afrique du Sud et de Gambie. Les participants de ces groupes de validation étaient les contacts familiaux d’adultes atteints de tuberculose pulmonaire bacillifère.

Entre juillet 2005 et avril 2007, la cohorte initiale a inclus 6 363 participants. Les cohortes suivantes indépendantes comptent 4 466 sujets. Au cours de la première phase de l’étude, 46 participants ont eu une tuberculose maladie, et 107 sujets leur ont été appariés.

Seize gènes ont été retenus comme signalant un risque de progression de la tuberculose. Cette « signature » permet avec une sensibilité de 66,1 % et une spécificité de 80,6 % de prédire le passage, au cours des 12 mois précédant le diagnostic, à une tuberculose maladie. Dans les cohortes de validation, le profil d’ARN identifié a une sensibilité de 53,7 % et une spécificité de 82,8 % dans les 12 mois précédant le développement d’une tuberculose.

Ainsi, les personnes atteintes d'une infection tuberculeuse latente et qui vont progresser vers une tuberculose maladie pourraient être détectées précocement par un test sanguin et bénéficier d’une antibiothérapie préventive ciblée, avant de devenir contagieuses. Un tel test représenterait donc un bond en avant dans la lutte contre la tuberculose dans le monde entier, permettant de limiter l'émergence de nouveaux cas.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

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