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Prédire le début de la schizophrénie
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Selon une étude longitudinale réalisée dans huit centres de recherches psychiatriques nord-américains, il serait possible de détecter à l'avance les jeunes qui deviendront schizophrènes ou psychotiques avant que l'explosion de la maladie ne se manifeste. Jusqu'à 80 % des schizophrénies seraient détectables si l'on utilise une combinaison de plusieurs facteurs de risque. Tyronne Cannon, de l'Université de Californie à Los Angeles, a suivi une cohorte de 370 patients âgés en moyenne de 16 ans et ayant cherché à se faire soigner pour des difficultés psychologiques.
Parmi les 291 jeunes patients ayant des «syndromes prodromaux» potentiellement évocateurs d'une psychose, 35 % sont devenus schizophrènes dans les deux ans et demi suivant la demande de soutien psychologique. Mais il apparaît que, lorsque cinq facteurs sont combinés, le risque de devenir schizophrène est de 80 %. Ces cinq facteurs sont une histoire familiale de psychoses chez des ascendants directs, une diminution récente de la performance sociale et scolaire, l'apparition de pensées inhabituelles (penser que vous êtes le sujet de toutes les conversations), une suspicion confinant à la paranoïa, l'usage de drogues.
En tout, 82 des 291 patients étudiés sont devenus schizophrènes dans un délai de 275 jours. «Lorsque des adolescents ont des résultats scolaires en chute libre, et que cela survient chez des jeunes ayant une histoire familiale de schizophrénie, et que c'est associé à des changements brusques de leur perception du réel comme des hallucinations visuelles ou auditives, c'est que la psychose est imminente», a expliqué Tyronne Cannon. Si les participants à l'étude croient être suivis, mais que l'on puisse leur montrer que cette crainte est infondée, il ne s'agit que d'un facteur de risque. En revanche, si cette croyance devient une certitude inébranlable, les chercheurs estiment que le sujet a franchi une ligne jaune, un seuil qui conduit à la psychose.
Un tel système est-il universel ? «Les psychiatres américains, qui ont peur de la maladie mentale, ont tendance à classer tous les symptômes pour la tenir à distance», estime le Professeur Jean-Michel Ougourlian (Hôpital américain, Neuilly). Or la schizophrénie du polytechnicien n'est pas celle du loubard, même si elles existent toutes deux. Il ne faut pas non plus oublier que l'utilisation fréquente d'hallucinogènes, donc le cannabis, a provoqué partout une explosion des syndromes paranoïdes chez les usagers.»
En France, 1 % de la population souffre de schizophrénie. Dans notre pays, cela correspond à 650 000 cas avérés. «Un système prédictif de ce type, bien dans la ligne du principe de précaution, transformerait tout le monde en suspect. Faudra-t-il enfermer tous ces suspects ou leur donner des médicaments ?»
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