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Le pouvoir de l'intestin contre les métastases
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Depuis une décennie, l'immunothérapie, qui consiste à stimuler les défenses immunitaires d'un organisme pour lutter contre une pathologie présente, a révolutionné la prise en charge des patients en oncologie. Une équipe du Centre de recherches en cancérologie de Toulouse (CRCT – CNRS/Inserm/UT3) a découvert que des lymphocytes spécifiques activés localement dans les tumeurs du côlon jouent un rôle clé dans l'immunité antitumorale et ont une influence bénéfique au contrôle du développement des métastases tumorales.
Des travaux menés par Christel Devaud et Virginie Feliu, dans l’équipe "Immunité antitumorale et immunothérapie" dirigée par Maha Ayyoub et Jean-Pierre Delord, enseignants-chercheurs au CRCT (UT3/Inserm/CNRS), en collaboration avec l’IUCT-Oncopole, montrent la capacité de lymphocytes T intestinaux à migrer vers les métastases et à les contrôler.
Les stratégies actuelles d’immunothérapie sont basées sur des anticorps monoclonaux qui lèvent les freins des lymphocytes T antitumoraux préexistants chez les patients. Malgré le caractère immunogène du cancer colorectal (CRC), les immunothérapies, éprouvées dans la majorité des essais cliniques chez les patients atteints de cancer colorectal métastatique (mCRC), ne s’avèrent malheureusement efficaces que pour un faible nombre de patients. Les métastases hépatiques, les plus fréquentes dans le CRC, sont particulièrement difficiles à traiter.
En utilisant un modèle original de mCRC chez la souris, consistant à implanter des tumeurs en orthotopique, c’est-à-dire dans le tissu d’origine de la tumeur, ici le côlon, et dans les sites métastatiques, Feliu et al. ont montré que les tumeurs de côlon pouvaient stimuler des lymphocytes T CD8 antitumoraux, capables spontanément de contrôler, dans une partie des souris, la croissance de la tumeur primaire mais aussi de métastases à distance, en particulier hépatiques.
Ces lymphocytes T CD8 effecteurs, jouant un rôle déterminant dans le contrôle des métastases, ont une origine intestinale, confirmée par l’expression à leur surface de l’intégrine alpha 4 beta 7, physiologiquement responsable de la localisation et de la rétention intestinale des cellules de l’immunité. Les résultats obtenus chez la souris ont été validés par une analyse des lymphocytes T CD8 alpha 4 beta 7 dans les métastases et le sang de patients souffrant de mCRC et traités par immunothérapie.
La présence de ces lymphocytes était associée à une meilleure réponse à l’immunothérapie. « Nos travaux démontrent que les tumeurs coliques peuvent activer localement des lymphocytes T CD8 intestinaux qui peuvent ensuite exercer des fonctions antitumorales systémiques aboutissant au contrôle de la maladie métastatique », confie Christel Devaud.
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash
Université Toulouse III-Paul Sabatier
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