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Polyarthrite rhumatoïde : le renouveau thérapeutique
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Cette maladie rhumatismale concerne 300.000 personnes en France et apparaît en général entre 40 et 60 ans, avec une forme juvénile qui touche 3000 enfants. La polyarthrite rhumatoïde se caractérise par une inflammation de la membrane synoviale des articulations des membres qui peut conduire, plus ou moins rapidement, à la dégradation de l'os et du cartilage.
La polyarthrite rhumatoïde provoque des douleurs et des gonflements principalement au niveau des articulations des mains et des poignets, de manière symétrique. Ces douleurs sont particulièrement fortes la nuit et, au matin, il faut au moins une demi-heure pour «dérouiller» les articulations touchées. Dès que ces signes apparaissent, il faut consulter le plus rapidement possible son généraliste afin d'établir, en collaboration avec un spécialiste, la meilleure stratégie d'intervention. Le diagnostic repose sur l'examen clinique des articulations et sur des analyses biologiques. Des examens radiologiques peuvent également être effectués pour repérer des érosions osseuses.
La polyarthrite rhumatoïde est une maladie auto-immune dans laquelle le système immunitaire réagit contre certaines protéines modifiées dans l'organisme. «Ces modifications sont naturelles, elles se produisent plus fréquemment dans certains organes comme le poumon, mais, dans certains cas qu'on ne comprend toujours pas, le système immunitaire déclenche une réaction contre ces molécules », précise le Professeur Rannou. Le facteur déclenchant n'est donc toujours pas élucidé, mais certains gènes de prédisposition semblent impliqués dans 30 % des cas.
Lorsque la maladie est identifiée tôt, le médecin prescrit ainsi du méthotrexate, qui reste le médicament de référence pour bloquer l'inflammation. Si la maladie est déjà avancée ou que, après trois mois, le traitement est insuffisant, le médecin peut puiser dans le nouvel arsenal des biothérapies pour trouver, parmi les quatre molécules désormais disponibles, celle à laquelle le patient répondra le mieux. Une nouvelle molécule devrait s'ajouter très bientôt aux biothérapies existantes : le tofacitinib, qui inhibe certains médiateurs intracellulaires de l'inflammation.
La polyarthrite rhumatoïde comporte plusieurs composantes, immunitaires et inflammatoires, sur lesquelles se concentrent les efforts de recherche, à la fois pour comprendre les mécanismes de la maladie, les facteurs qui la déclenchent et identifier de nouvelles pistes thérapeutiques. La composante acquise de la polyarthrite rhumatoïde correspond au déclenchement d'une réponse auto-immunitaire dirigée contre la membrane synoviale de certaines articulations. L'antigène responsable de cette réaction n'est pas encore identifié, même si certains travaux semblent indiquer une piste infectieuse.
Le Professeur François Rannou s'intéresse plus particulièrement à la phase aiguë de l'inflammation, qui correspond à l'envahissement de l'articulation par des cellules inflammatoires. «La meilleure stratégie consiste à éviter cette phase, grâce aux traitements de fond mais, face aux crises aiguës, on ne dispose aujourd'hui que des corticoïdes, qui présentent de nombreux inconvénients.» L'équipe Inserm dans laquelle il travaille, basée à l'hôpital Cochin à Paris, explore ainsi le rôle de l'hème oxygénase-1, qui semble avoir un intérêt dans la résolution de la phase inflammatoire et étudie également la régulation de la mort programmée des polynucléaires, qui se rassemblent dans l'articulation et libèrent des substances favorables à sa destruction.
D'autres stratégies visent plus particulièrement la composante immunitaire de la maladie et les cellules qui y prennent part. L'équipe dirigée par Christian Jorgensen, à Montpellier, étudie l'intérêt d'une thérapie cellulaire à partir de cellules souches mésenchymateuses, qui sont à l'origine de l'os et du cartilage et qui jouent également un rôle dans la régulation de l'immunité. Plusieurs équipes évaluent également l'intérêt d'injecter, dans l'articulation, des lymphocytes T dits «régulateurs» qui limitent l'inflammation.
Les toutes premières biothérapies ayant été développées sont des anticorps anti-TNF alpha. L'une des pistes d'avenir les plus avancées est un vaccin thérapeutique dont l'objectif serait de provoquer la production de ces anticorps par l'organisme lui-même. Même si les injections doivent être répétées régulièrement, les chercheurs espèrent que la réponse immunitaire serait mieux régulée de cette façon. La fondation Arthritis, présente aux côtés de nombreux projets de recherche sur la polyarthrite rhumatoïde, soutient ainsi un essai multicentrique mondial de phase II, utilisant un candidat-vaccin de la société Néovacs. Les premiers résultats sont attendus d'ici à la fin de l'année.
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