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Les petits mots entre étudiants à l'ère du numérique
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La technologie n'épargne aucun domaine et s'immisce jusque dans les salles de cours et les amphithéâtres, rendant désuète l'antique habitude des étudiants ou des salariés de se passer des petits mots pendant les cours ou les conférences. La démocratisation des appareils électroniques accédant à internet sans fil, ajoutée à la prolifération des points de connexion sur les campus, dans les entreprises, les cafés et ailleurs, a rendu possible la communication en temps réel et complique d'autant plus le contrôle des "chuchotements" dans le dos des enseignants et intervenants. Les chercheurs se sont intéressés au phénomène et ont constaté qu'il ne se réduisait plus à l'espace confiné de la classe.
Ils ont observé par exemple des discussions par messagerie instantanée entre employés situés en différents points de l'entreprise lors d'une réunion avec la direction ou la communication en temps réel vers l'extérieur lors de négociations financières par le biais d'appareils électroniques tels que le Blackberry. "Ce ne sont plus seulement les jeunes qui y ont recours", soulève Danah Boyd, thésarde à l'université de Californie de Berkeley, ajoutant que ces conversations sous le manteau sont considérées comme particulièrement subversives, certaines entreprises allant jusqu'à interdire l'usage des messageries instantanées tandis que des établissements scolaires bannissent les téléphones portables des classes de cours. "Nous imaginons en général que c'est l'apanage des mauvais étudiants qui s'évadent (ainsi des cours)", expliquait Danah Boyd le mois dernier lors d'une conférence intitulée Computer Supported Cooperative Work (CSCW), s'intéressant à l'impact des technologies sur la société. Mais l'étudiant est "engagé dans une méta-conversation" qui peut, estime-t-elle ainsi que certains de ses confrères, déboucher sur de nouvelles idées et des informations valables.
Certaines académies envisagent déjà d'étendre le recours à ce type de conversations. William Griswold, professeur d'informatique à l'université de Californie de San Diego, a ainsi adopté une approche tolérante des discussions électroniques qu'il savait se tenir dans son dos en classe. "Cette notion est aussi ancienne que le chuchotement à l'oreille (...) Nous avons toujours su gérer la situation, (la technologie) ne fait qu'amplifier les effets", dit-il. Il a noté que lorsque la présence à ses cours augmentait, la participation diminuait, en partie à cause de la peur de certains étudiants à intervenir en public devant un grand nombre de personnes. "Vous réalisez alors que si les questions ne sont pas posées, l'étendue de l'enseignement s'en trouve réduite", avance Griswold. "Vous perdez en efficacité et ce n'est pas le but."
Avec une donation du constructeur informatique Hewlett-Packard en 2001, l'enseignant californien a développé un logiciel qui permet aux étudiants de poser en temps réel leur question anonymement via leur ordinateur portable ou leur assistant personnel numérique. "Quand vous proposez aux gens ce canal de communication permanent, vous élargissez le débat", ajoute Griswold qui souligne que cette méthode a même développé le rôle des assistants du professeur. "Certaines de ces questions sont très pointues." Ailleurs, la technologie envahit d'autres domaines, certaines universités fournissant aux étudiants des télécommandes qui leur permettent de répondre à des questionnaires à choix multiples, permettant dans certains cas de savoir si les élèves ont compris le cours.
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