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Percer les mystères de l'ozone troposphérique
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Dans un mois, quand le soleil se pointera dans le ciel de la base militaire d'Alert, le point le plus avancé de la Défense canadienne, sur l'île d'Ellesmere, à côté du Groenland, une petite armée de chimistes et de météorologues s'affairera à prendre toutes sortes de mesures et à prélever de la neige dans des bouteilles stérilisées sur un îlot de glace, à quelques kilomètres de l'île, en plein océan Arctique. Ils cherchent à savoir où s'en va l'ozone naturellement présent dans l'air du Grand Nord. Pourquoi, chaque printemps, les concentrations d'ozone (O3) de cette immense région passent d'un niveau de "bruit de fond" à rien du tout. Ou, si l'on veut, de 30 à 40 parties par million (ppm), au seuil de détection des instruments! Un scénario inexpliqué depuis sa découverte au milieu des années 80 par Oltmans et Kohmyr (1985). En somme, le Grand Nord aurait ainsi deux problèmes d'ozone. Celui plus connu du trou dans la stratosphère, qui s'agrandit démesurément chaque printemps et assure à la Terre une orgie de rayons ultraviolets assassins pour la flore et la faune, micro et grande. L'autre problème est beaucoup moins connu puisqu'il s'agit de la disparition printanière des concentrations d'ozone troposphérique, c'est-à-dire au niveau du sol, naturellement présent dans l'air ambiant des régions arctiques. À ne pas confondre, mais alors là pas du tout, avec le problème de surdose d'ozone en milieu urbain, mieux connu celui-là sous le nom de smog urbain, causé principalement par l'automobile, les oxydes d'azote et les composés organiques volatils (COV). Les chercheurs, de plus en plus nombreux à surveiller le trou nordique dans la couche d'ozone stratosphérique, se sont rendu compte que la disparition de l'ozone au sol coïncidait avec le lever du soleil polaire, qui survient fin-mars ou début avril en sortie de la longue nuit polaire. En 1998, explique Don McKay, directeur du Service sur la qualité de l'air au sein d'Environnement Canada, on a noté que l'arrivée des premiers rayons de soleil coïncidait avec l'apparition de concentrations surprenantes de formaldéhyde dans l'air et une baisse des concentrations d'ozone troposphérique. Des constatations similaires ont été faites la même année au Groenland. Mais cette fois, la neige relâchait des oxydes d'azote. Plus tard, la même année, à l'autre bout de la planète, dans l'Antarctique, on assistait au même scénario. Les chercheurs se sont ainsi aperçus qu'un phénomène inconnu survenait dans la neige. Ils ont immédiatement pensé à l'action photochimique des rayons solaires, qui font leur apparition exactement à ce moment. Tout se passe, explique Don McKay, comme si les rayons provoquaient une libération des contaminants halogénés, fluorés, du bromure et de la formaldéhyde, etc., qui se sont accumulés dans le couvert nival. Une sorte de choc survient dans l'atmosphère au printemps, comme le "choc acide" qui se produit au printemps dans les cours d'eau de nos régions lorsque les contaminants stockés pendant l'hiver arrivent tous ensemble dans les cours d'eau. Les chercheurs ne savent pas si l'on est en présence d'une réaction photochimique ou bactériologique, induite par le tout nouveau rayonnement solaire. Ils savent cependant que le phénomène semble avoir une envergure continentale. Et qu'il pourrait être lié à la salinité de l'air ambiant.
Le Devoir : http://www.ledevoir.com/ecol/2000a/cozo230200.html
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- Publié dans : Géologie & Géophysique
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