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Obésité : la France rattrape les Etats-Unis

L'obésité ne concernait, jusqu'aux années 90, qu'une proportion relativement réduite de la population - entre 6% et 7% - et la société et les pouvoirs publics ont tardé à la concevoir comme un problème de santé publique. Or la plupart des médecins conviennent désormais que les différences entre les modèles français et américain n'ont cessé de s'atténuer au cours des dernières années. On estime aujourd'hui que l'Hexagone compte 3,5 millions d'adultes atteints d'obésité, soit un sur cinq. Parmi eux, 600 000 sont dans un état grave. Et 55 000 malades décèdent chaque année de cette pathologie ou d'un trouble associé : diabète, hypertension artérielle, insuffisance respiratoire... Mais c'est le nombre toujours croissant d'enfants et d'adolescents atteints qui paraît aujourd'hui le plus inquiétant. Entre 1995 et 2000, la proportion de jeunes obèses a plus que doublé, pour atteindre 15%, d'après les enquêtes les plus récentes. Soit 2 millions de moins de dix-huit ans. Et on observe désormais, dans certaines populations, des réalités dont on pensait la France à l'abri. Ainsi les travaux de dépistage menés, depuis 1994, par le conseil général du Val-de-Marne dans les collèges du département livrent-ils d'angoissantes indications. «En 2001, nous avons pesé 2 261 enfants de douze ans dans 66 classes. Parmi eux, 22% affichaient une surcharge pondérale. Et ce taux montait à 30% dans les établissements classés en zone d'éducation prioritaire», déclare le docteur Elisabeth Feur. A cette tendance, les médecins attribuent plusieurs types d'explication. L'évolution des habitudes de vie chez les plus jeunes - alimentation de moins en moins équilibrée, séjours prolongés devant la télévision, désintérêt pour l'activité physique - rejoint des phénomènes observés aux Etats-Unis. L'obésité peut également traduire des difficultés psychologiques, et notamment une propension à gérer le stress par des comportements alimentaires anarchiques. Enfin, certaines causes physiologiques demeurent mal connues. La recherche génétique a mis en évidence de très nombreux marqueurs héréditaires prédisposant à la prise de poids, sans que la responsabilité particulière de l'un d'entre eux puisse être clairement établie. Dans ce contexte, les efforts des pouvoirs publics pour freiner le développement de la maladie reposent essentiellement sur la prévention. De nombreux établissements ont ainsi développé des politiques nutritionnelles, en incitant, par exemple, leurs élèves à consommer davantage de fruits ou de légumes. Si l'efficacité de ces initiatives est encore difficile à mesurer, certaines avancent des résultats encourageants. «Sur les 350 enfants que nous avons intégrés à notre dernier programme, 21% ont perdu du poids», assure par exemple Elisabeth Feur. «L'enjeu est maintenant de parvenir à détourner les jeunes de certains aliments gras et salés tout en les convainquant de partager leurs repas avec leurs parents, comme cela se fait de moins en moins, explique le docteur Marie-Laure Frelut. Mais il n'y a pas de temps à perdre : ces trente dernières années, l'obésité infantile a progressé en France de manière encore plus rapide qu'outre-Atlantique.»

Figaro : http://www.lefigaro.fr/sciences/20021219.FIG0193.html

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