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Obésité : les facteurs de risque de mieux en mieux cernés

L'obésité progresse depuis 15 ans chez les petits Européens et les experts commencent à voir les dégâts causés par le phénomène sur une grande échelle : un demi-million d'enfants sur le Vieux continent souffrent de problèmes de santé qui touchent habituellement les adultes d'âge moyen à cause d'une surcharge pondérale, selon de nouvelles estimations.

Dans une nouvelle analyse présentée le 1er juin au Congrès européen sur l'obésité, des experts ont souligné une incidence croissante de problèmes de santé tels que l'hypertension, un cholestérol élevé ou des troubles de la régulation du sucre dans le sang. Ces maux sont souvent désignés collectivement sous le terme de syndrome métabolique.

"Les chiffres montrent que les enfants dans l'UE pourraient bientôt être dans la même situation qu'aux Etats-Unis, où le nombre d'enfants touchés par le syndrome métabolique a doublé en moins de dix ans, passant de 910.000 à deux millions", souligne l'analyse du Groupe de travail international sur l'obésité (IOTF), un réseau d'experts. L'IOTF estime qu'entre 2.000 et 10.000 enfants européens souffrent déjà d'un type de diabète qui est habituellement diagnostiqué chez les adultes dans la force de l'âge.

Le commissaire européen à la Santé et à la Protection des consommateurs Markos Kyprianou a présenté un projet de code de conduite européen destiné à encadrer la publicité des produits alimentaires visant les enfants. Il a également évoqué des propositions dans le domaine de l'agriculture, de l'éducation et des transports pour répondre au problème de l'obésité

L'Union européenne rendra publique une nouvelle stratégie sur l'alimentation et l'activité physique avant la fin de l'année et engagera une consultation publique sur le document, notamment avec les industriels et les militants anti-obésité, avant de rédiger un plan final d'ici fin 2006, a indiqué M. Kyprianou. Cette décision fait écho à des mesures sans précédent prises l'an dernier par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a lancé une stratégie mondiale sur l'alimentation et l'exercice physique.

La proportion d'enfants européens en surpoids n'a pas beaucoup changé entre 1974 et 1984. Elle a commencé à augmenter entre 1984 et 1994, puis a explosé après 1995, montrent les chiffres de l'IOTF. En Grande-Bretagne, 20 % des enfants présentent une surcharge pondérale ou sont obèses.

En Espagne, ce taux passe à 30 % et en Italie, il atteint 36 %. Aux Etats-Unis, il s'établit à 30 %, selon les estimations du gouvernement américain. "Nous avons probablement sous-estimé l'ampleur du problème", souligne le Dr Philip James, président de l'IOTF. "Nous sommes souvent accusés d'exagérer les estimations, mais quand nous obtenons les chiffres réels, ils se révèlent pire que ce que nous avions prévu."

"C'est plus qu'un simple signal d'alarme : nous devons faire cesser la pression persistante qui incite les enfants à trop manger et à avoir si peu de jeux actifs", poursuit le Dr James. "Nous ne pouvons plus nous permettre de retarder l'introduction de stratégies de prévention fortes en Europe."

Aux Etats-Unis, les autorités viennent de lancer une nouvelle campagne de sensibilisation contre le surpoids des enfants, baptisée "We Can!", qui vise à encourager la consommation de produits plus sains et l'activité physique.

En Grande Bretagne, un enfant de trois ans qui regarde la télévision plus de 8 heures par semaine -soit à peine plus d'une heure par jour- présente un risque élevé d'obésité ! Et des facteurs de risque tel que celui-ci, une équipe britannique en a identifié 7 autres !

Les auteurs ont travaillé sur deux groupes d'enfants âgés de 7 ans. L'un était composé de 8 234 petits et l'autre, de 909. " Notre travail montre l'importance de l'environnement de la petite enfance sur le risque ultérieur d'obésité " précisent les chercheurs qui travaillent à l'Université de Glasgow.

L'analyse des résultats du premier groupe a permis d'identifier 4 facteurs de risque d'obésité : un poids de naissance élevé, une obésité parentale, une durée de sommeil inférieure à 10 heures 30 par nuit à l'âge de 3 ans et donc, plus de 8 heures hebdomadaires passées devant la télévision.

Après s'être penchés sur les résultats de la seconde cohorte, les auteurs ont relevé 4 autres éléments susceptibles d'influer sur le risque d'obésité à l'âge adulte : l'importance de la taille, un rapide gain de poids au cours de la première année, une croissance rapide jusqu'à 2 ans et enfin l'apparition précoce -aux alentours de 5-6 ans- d'un embonpoint.(Sources: British Medical Journal, Vol.330, n°7501).

Les habitudes alimentaires s'acquièrent à l'âge de 2-3 ans

Cette importance de l'environnement et de l'éducation nutritionnelle dès le plus jeune âge, dans la prévention de l'obésité chez l'adulte, vient par ailleurs d'être confirmée par les résultats d'une remarquable étude réalisé par l'Université de Bourgogne. Cette étude, menée à Dijon depuis 1982, montre de manière très nette que les habitudes alimentaires s'acquièrent dès l'âge de 2 ou 3 ans.

Si l'on ne donne pas une alimentation variée à un jeune enfant, il est peu probable qu'à l'âge adulte il diversifie ses repas. "Nous avons recherché pourquoi un enfant, puis ce même enfant devenu adulte, mange ce qu'il mange", explique Vincent Boggio, maître de conférences en physiologie à l'Université de Bourgogne, qui a lancé ce programme.

De 1982 à 1999, les scientifiques ont noté les choix de 418 enfants, de 2 à 3 ans fréquentant la crèche du personnel du CHU, entre les différents plats qui leur ont été présentés pendant une centaine de déjeuners. Les produits animaux (viande, poisson, oeufs) et les féculents ont eu leur préférence. Les légumes étaient moins demandés.

En 2001 et 2002, ces premiers travaux ont été exploités par une thésarde du laboratoire de recherche sur les arômes de l'Inra (Institut national de la recherche agronomique). Sophie Nicklaus a retrouvé 341 "anciens" de la crèche du CHU, âgés de 4 à 22 ans. Leurs préférences alimentaires ont été comparées à celles qu'ils avaient à 2-3 ans, en prenant aussi en compte leur âge, leur sexe, leur corpulence ou la profession de leurs parents.

Les choix de l'enfance ont déterminé les préférences futures, montre l'étude. A la surprise des chercheurs, la corpulence et la profession des parents sont sans effet sur les choix alimentaires.

L'étude se poursuit aujourd'hui pour savoir comment les petits enfants acquièrent leurs goûts. Les premiers résultats ont montré que les enfants allaités plus longtemps diversifiaient davantage leur alimentation. Ce phénomène peut s'expliquer par des pratiques éducatives différentes des mères allaitant, ou par l'influence sur le long terme des arômes du lait maternel, plus divers que dans un lait industriel.

Article @RTFlash

AFP

AP

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