Edito : Les nouvelles technologies de l'information vont révolutionner nos modes de déplacements
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Jusqu'au 26 novembre, le département de l'Isère expérimente - entre l'agglomération grenobloise et les communes du massif du Vercors - l'"é.covoiturage", un système de covoiturage instantané à finalité écologique.Ce système permet à un passager et un conducteur, tous deux préalablement inscrits sur une interface en ligne gérée par le conseil général, d'entrer en relation afin de partager les frais d'un trajet commun.
Concrètement, le passager transmet par SMS, à tous les conducteurs connectés par leur smartphone à Covisoft, l'application dédiée au concept, les coordonnées GPS de l'un des 76 points relais où il se trouve. Si un conducteur accepte sa demande de covoiturage, il s'engage à se rendre au lieu de rencontre et à déposer le passager jusqu'à un point d'arrivée décidé. Jusqu'à la fin de l'expérience, qui devrait coûter 70 000 euros au conseil général, le conducteur percevra 10 centimes d'euro au kilomètre et des bons d'achat de 30 euros délivrés par le conseil général.
Dans ce système, aucune transaction financière n'a lieu au sein du véhicule. Grâce à un code secret inscrit par le passager sur le téléphone du conducteur à sa montée et à sa descente de la voiture hôte, les comptes des deux acteurs sont crédités ou débités.
L'expérience, qui doit permettre d'évaluer sur le terrain la fiabilité des moyens techniques mis en place et l'accueil réservé aux usagers, sera testée pendant deux mois par 150 volontaires. Pour la collectivité, l'objectif sera, à plus long terme, de diminuer le flux de circulation des 9 000 véhicules qui encombrent chaque jour les deux axes reliant le plateau du Vercors et Grenoble. Et pourquoi pas de généraliser le système à l'ensemble du département.
A Toulouse, c'est une autre technologie capable d'indiquer en temps réel aux automobilistes, sur leur téléphone mobile, les places de stationnement disponibles qui est expérimentée.
Quatre de ces places de stationnement sont, depuis quelques semaines, dotées de capteurs high-tech placés sous le bitume qui détectent si une voiture est garée ou non et communiquent l'information à un central de gestion. Sur l'écran de son smartphone, un plan du quartier affiche le statut de chaque stationnement : résidentiel ou de courte durée, libre ou occupé. Demain, c'est tout un bouquet de services que recevra le conducteur connecté.
L'enjeu de cette expérimentation est considérable car, selon le Centre d'études sur les réseaux de transport, l'urbanisme et les constructions publiques (Certu). La pénurie de places de stationnement est responsable de 10 % des véhicules en circulation dans les villes françaises qui cherchent simplement à se garer.A San Fransisco, cette part grimpe à 30 %, selon l'autorité municipale des transports.
Quand on sait qu'à peine un tiers des stationnements payants sont effectivement réglés, la tarification à la minute et les prélèvements automatiques autorisés par le parking communicant représentent pour les collectivités une source potentielle considérable de recettes.
Comment ne pas voir que ces deux expérimentations complémentaires, celle du covoiturage à Grenoble et celle du stationnement intelligent à Toulouse ont vocation à se rejoindre.
Au-delà de leur contribution à la lutte contre le réchauffement climatique et la pollution de l'air, cette double gestion « intelligente » et en temps réel de l'offre et de la demande de déplacement et de stationnement va permettre aux villes une véritable reconquête de l'espace public. Les collectivités cherchent en effet à équilibrer l'offre entre parking résidentiel, stationnement pour les salariés, arrêts de courte durée pour les commerces. Elles veulent également pouvoir mieux contrôler et moduler les flux de déplacements urbains.
C'est pourquoi nous pouvons imaginer sans peine qu'à ces systèmes de gestion de flux et de stationnement s'ajouteront d'ici quelques années (bien que les élus locaux s'en défendent), des systèmes « intelligents » de péage urbain qui sauront moduler le coût d'utilisation de la voiture en ville en fonction de plusieurs paramètres, type de véhicule, nombre de passagers, heure...
La combinaison et la généralisation de ces diffèrents systèmes fait appel à des technologies existantes et ne prendra que quelques années. Elle aura des conséquences socio-économiques majeures car elle changera radicalement notre façon de concevoir la voiture et plus largement de nous déplacer. Mais la collectivité devra veiller à ce que les recettes dégagées par cette nouvelle économie des transports urbains soient bien réaffectée à l'amélioration et à la diversification de l'offre de transports publics propres.
René Trégouët
Sénateur honoraire
Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat
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