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Une nouvelle cible pour des médicaments anti-cancéreux

L'ellipticine est une molécule isolée en 1959 à partir des feuilles d'Ochrosia elliptica, une plante alcaloïde commune en Océanie. En raison de leur forte activité anti-tumorale, l'ellipticine et ses dérivés ont très tôt fait l'objet de recherches en cancérologie afin de mettre au point de nouveaux médicaments. Utilisées pour le traitement de patients, ces molécules se sont cependant avérées responsables d'effets secondaires importants, ce qui a abouti à l'arrêt de leur utilisation.

Des études ont montré que leur mécanisme d'action est peu sélectif. Leurs propriétés anti-tumorales reposent en effet sur leur capacité à provoquer des cassures dans l'ADN.

Cependant, des résultats récents ont montré que certains dérivés de l'ellipticine avaient un mode d'action beaucoup plus ciblé, agissant spécifiquement sur des protéine-kinases.

Les protéine-kinases sont des composants majeurs dans la propagation de signaux contrôlant la prolifération et la survie des cellules. Le dysfonctionnement de certaines de ces kinases est associé au développement de cancers. C'est le cas notamment de la protéine-kinase CK2, hyperactive dans de nombreux cancers, notamment ceux du sein et de la prostate.

D'où l'idée des chercheurs du CEA, du CNRS, de l'Inserm, de l'Institut Curie et de l'Université Joseph Fourier de cribler les 6 560 molécules de la chimiothèque de l'Institut Curie, à la recherche de dérivés de l'ellipticine ciblant spécifiquement la protéine-kinase CK2.

Ils ont ainsi trouvé des inhibiteurs dont le mode d'action est lié à la parfaite adéquation entre leur forme et le site actif de CK2 dans lequel ils viennent se placer.

Ces inhibiteurs sont non seulement capables d'empêcher la prolifération des cellules in vitro, mais leur potentiel anti-tumoral a été confirmé chez la souris. « Avec ces résultats, nous avons mis en évidence un nouveau mécanisme d'action pour certains dérivés de l'ellipticine », s'enthousiasme Claude Cochet, responsable de l'équipe Structure et fonctions cellulaires de la protéine-kinase CK2 labellisée par la Ligue Nationale contre le Cancer.

« Ces composés inhibent fortement la protéine-kinase CK2 et bloquent ainsi la progression tumorale. Du fait de leur mode d'action très sélectif, ils sont particulièrement actifs et présentent un risque d'effets secondaires beaucoup plus faible ».

CNRS

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