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Nouveaux traitements du cancer : la chasse aux cellules traîtres
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Traiter un cancer, ce n’est plus seulement tenter de détruire la tumeur. C’est aussi s’attaquer à l’environnement proche de la tumeur, notamment les cellules de défense du patient qui facilitent la dissémination de la maladie. Avoir plusieurs fers au feu est une expression qui est en train de prendre tout son sens en cancérologie, si l’on en croit le nombre de travaux scientifiques présentés à San Antonio (Texas) du 7 au 10 décembre 2011, lors de la 34e édition du SABCS, le plus important congrès consacré au cancer du sein. On constate, en effet, que les cellules cancéreuses bénéficient de complicités plus ou moins voulues de la part de nombreux éléments de notre système de défense. C’est particulièrement vrai dans le cadre de l’essaimage de cellules tumorales à partir de la lésion d’origine, ce qu’on appelle des métastases.
Autour de la masse cancéreuse, il se passe beaucoup de choses et d’abord des signes d’inflammation chronique. On observe aussi un remodelage des structures environnantes, avec la fragilisation de barrières naturelles. Enfin, les vaisseaux sanguins et lymphatiques sont le siège d’une intense activité. Ces tissus inflammatoires sont infiltrés par des globules blancs. Ce sont surtout des lymphocytes et des macrophages. Ces globules blancs sont normalement dévolus à la défense de l’organisme et devraient donc n’avoir de cesse d’attaquer le cancer. Or, ils font quasiment le contraire ! L’heure est donc à la chasse aux traîtres !
Et les recherches pointent surtout du doigt les macrophages qui semblent favoriser la formation des métastases. Ces macrophages, sous l’influence de lymphocytes CD4, libèrent des substances qui jouent des rôles différents, mais défavorables à l’organisme. Ils libèrent en particulier des facteurs de croissance qui vont stimuler la pousse des cellules tumorales et favoriser leur migration vers d’autres parties de l’organisme, comme les os, les poumons et le cerveau. La présence en excès des macrophages va réduire les réponses des cellules cancéreuses aux traitements, qu’il s’agisse de la chimiothérapie ou de la radiothérapie.
L’équipe de Lisa Coussens, de l’université de Californie à San Francisco, a récupéré des prélèvements obtenus par biopsie chez des femmes atteintes de cancers du sein. Ces tumeurs ont été mises en culture et greffées sur des modèles animaux. Le but était de démontrer qu’en rétablissant l’équilibre dans le microenvironnement de la tumeur, on arriverait à la rendre plus sensible à la chimio et à la radiothérapie, en provoquant le "suicide" des cellules cancéreuses. Pour cela, plusieurs molécules expérimentales sont testées, l’une étant le PLX-3397. Cette molécule, prise par voie orale, joue sur des mécanismes très particuliers de fonctionnement des macrophages et en réduit l’activité.
Ainsi, le rapport entre macrophages et lymphocytes CD8 se modifie en faveur de ces derniers, nécessaires à la défense de l’organisme et opposés à la présence de la tumeur. Les modèles animaux ont montré qu’on arrivait à faire disparaître jusqu’à 85 % des métastases cancéreuses. L’évaluation du PLX-3397 va bientôt débuter chez deux mille femmes atteintes de cancer du sein très avancé et porteuses de métastases.
Cette démarche d’un traitement ciblé sur le microenvironnement tumoral a déjà apporté des résultats concrets avec l’utilisation des biphosphonates, toujours dans le cancer du sein. Un membre de cette famille, l’acide zoledronique, utilisé à l’origine pour renforcer des os déminéralisés, a démontré des vertus antitumorales dans plusieurs études. La plus récente, présentée également à San Antonio et réalisée par l’équipe autrichienne de Michael Gnant, de l’université de Vienne, a montré que cette molécule associée à des antihormones dans le cancer du sein réduisait le risque de récidive et la mortalité. L’acide zoledronique aiderait à détruire les cellules cancéreuses qui cherchent à coloniser l’os et aussi la moelle osseuse, d’où elles peuvent ensuite essaimer. Avec l’arrivée de ces méthodes de traitement ce sera la première fois, sans doute, qu’on pourra se réjouir de dommages collatéraux.
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